Comment expliquer la victoire de l'équipe de Caedrel Los Ratones aux EMEA Masters ?
Ce dimanche 23 mars, Ici Japon Corp (IJC) a vu son rêve de sacre aux EMEA Masters s'évanouir en finale face à Los Ratones. Le club français, vice-champion de France de League of Legends, a subi une lourde défaite (0-3) contre la formation britannique, qui confirme son ascension fulgurante sur la scène européenne.
Los Ratones, c'est ce club esport britannique fondé par l'un des streamers League of Legends les plus influents en Europe, Caedrel. Ce dernier, accompagné d'une team de vétérans de la scène, a fait le pari de tout gagner tout en retransmettant la totalité des scrims, entraînements ou même reviews de son équipe. Même en plaçant le divertissement comme priorité, la structure a quand même vaincu tous ses adversaires cette saison. Mais comment l'expliquer ? Dans cet article, on va tenter de donner des éléments de réponse.
Comment expliquer la victoire de l'équipe Los Ratones aux EMEA Masters ?
L'histoire de Los Ratones est digne des plus grandes success stories. Créé fin 2024 par Marc Robert "Caedrel" Lamont, ancien joueur professionnel et aujourd'hui l'une des figures les plus influentes de la scène League of Legends, le club britannique a su se construire une identité forte et découle de la lignée des structures comme la Karmine Corp avec Kameto ou encore KOI Movistar avec Ibai. Ces équipes d'influenceurs disposent d'une fanbase grandiloquente, ce qui rend leurs aventures d'autant plus mémorables. Est-ce un levier pour la performance ? En partie. Mais il faut dire que le succès de Los Ratones peut s'expliquer de multiples façons.
Un roster de vétérans, mais surtout de talents
Comme on le disait, Los Ratones a su se construire une identité forte en s'entourant d'anciens joueurs du LEC, dont Martin "Rekkles" Larsson, Tim "Nemesis" Lipovšek ou encore Juš "Crownie" Marušič. Ces derniers constituent une expérience non négligeable du haut niveau. On parle quand même de Rekkles, qui a été champion du monde en 2024 avec T1 (bon, il était remplaçant, mais ça compte quand même).
Ce concentré d'expérience et de talent va compléter les deux autres personnes, bien moins connus sur la scène compétitive. Déjà, il y a Veljko "Velja" Čamdžićn un talent de la jungle qui est passé sous les radars en Europe. Profil discret et peu expérimenté, mais qui a déjà été top 1 du ladder en EUW, donc qui présente un véritable talent dans un rôle clé.
Enfin, il y a l'ovni Simon "Baus" Hofverberg. Si vous suivez la scène streaming européenne, il est l'une des figures emblématiques tant son playstyle lui est propre. Vous savez, c'est lui qui fait 0/14 sur Sion top, mais qui va créer un véritable chaos sur la map et vous allez perdre la partie. Et bien, c'est ce playstyle atypique et à l'apparence contre-productive qui va porter l'équipe.
Une façon de jouer sans pareille
En effet, le playstyle de Baus est l'une des explications du succès de l'équipe sur la Faille de l'Invocateur. Par ses picks atypiques et sa façon très agressive de jouer au jeu, Baus va attirer beaucoup l'attention de l'équipe adverse, créant donc davantage d'espace pour ses coéquipiers qui eux sont plutôt des joueurs qui aiment jouer des compos scalling et ingérer beaucoup de ressources.
Cette façon atypique de jouer est peu appréhendable par les autres équipes, plus professionnelles, qui se tiennent souvent à la meta, et sortent peu souvent des sentiers battus. C'est un peu différent depuis l'avènement de la Fearless Draft, mais c'est encore trop tôt pour être paré à ce genre de confrontation.
Par conséquent, il n'est pas ahurissant de dire que le jeu proposé par Baus gène beaucoup d'équipes qui sont strcturées dans un jeu classique, et elles ne savent pas forcément comment répondre. Ce flou laissé profite à des joueurs comme Crownie et Nemesis jouant des champions assez scalling et sont prêts à capitaliser sur les erreurs commises par les adversaires, précisément causées par le chaos apporté par Baus.
Los Ratones, un succès qui n'est pas sans rappeler la Karmine Corp
On sait que la strcture Los Ratones ressemble fortement à la Karmine Corp de part l'incarnation de l'identité par un streamer influent de la scène League of Legends, mais aussi par un certain côté populaire. De manière générale, c'est un modèle qu'on voit de plus en plus souvent. Sur LoL, on parle aussi souvent de KOI Movistar, équipe de LEC incarnée par le streamer espagnol Ibai, mais il y a beaucoup d'autres exemples : Gentle Mates, Mandatory, Aegis, TDS ... et ça, c'est rien qu'en France.
Tout comme la Karmine, Los Ratones raffle tout lors de sa première saison en professionnel. 1er de NLC quand KC était 1ère en LFL, et première victoire sur le plan européen en EMEA Masters. Un modèle diablement efficace et qui montre aussi que le succès est souvent relié à une fanbase nombreuse et supportrice.
Toutefois, Los Ratones semble prendre un tout autre chemin que la Karmine. Cette dernière, animée par le rêve de Kameto de gagner les Worlds, s'est voulu être un club d'esport professionnel tel un club de football, en privilégiant notamment la pérennisation de la marque, mais aussi avec des garanties en terme de recrutement de joueurs. Los Ratones privilégie pour l'heure un modèle davtange axé sur le divertissement que sur la performance. C'est ce qui nous enseigne le fait que tous les scrims, entraînements et reviews de l'équipe soient streamés à la vue de tous. Le but, c'est de suivre la route d'une équipe de A à Z.
Est-ce que la victoire de Los Ratones veut dire que le niveau européen est faible ?
La grande question à se poser avec cette victoire de Los Ratones, c'est de savoir où situer le niveau global européen dans l'instant T. Sur le papier, les vainqueurs des EMEA Masters, c'est des anciens bons joueurs de LEC, un joueur peu connu et avec peu d'expérience, et un streamer avec un playstyle trop atypique. Pourtant, ces profils parviennent de décrocher la victoire la plus prestigieuse en Europe excluant la LEC. Quid du niveau européen alors ?
Si la hype des EMEA Masters s'est un peu calmée ces dernières éditions, il ne traduit pas forcément un niveau décadent pour autant. Il est juste de dire que, factuellement, le niveau augment au gré des saisons. La lecture du niveau de jeu est souvent sujette à un biais d'intérêt par rapport à la compétition. Au contraire, la victoire de Los Ratones montre que la victoire ne passe pas forcément par le fait d'avoir les meilleurs joueurs d'une équipe, mais d'un projet davantage cohérent avec des joueurs complémentaires.
Aussi, le succès populaire peut également être une explication quant à la victoire de l'équipe, ce qui a pu être le cas pour la Karmine Corp notamment. C'est difficilement imaginable quand on est pas nous-même joueurs dans une structure comme celles-ci, mais l'attente et de soutien des fans donne un supplément d'âme à l'équipe, peut-être plus soucieuse de l'emporter et ainsi de faire plaisir aux fans.
source : Los Ratones/X
Los Ratones ... jusqu'où ça va aller ?
Avec ce titre en poche, Los Ratones pourrait bientôt viser le LEC, la ligue européenne fermée. Le club devra cependant acquérir un spot, un processus coûteux mais qui semble être la prochaine étape logique de son développement. Les joueurs ainsi que Caedrel ne s'en cachent pas. Cette victoire aux EMEA Masters est une porte d'entrée vers l'évolution, montrant que la structure est sérieuse. Un peu à la manière de Karmine Corp à l'époque.
Mais au-delà du compétitif, Los Ratones confirment bel et bien que le côté divertissant du jeu est bien plus demandé côté spectateur plutôt qu'une performance pure et dure. C'est pourquoi une équipe sembalde aux NA a annoncé suivre le même chemin que l'équipe de Caedrel. Avec TF Blade (top lane), Spica (jungle), Pobelter (mid lane), Doublelift (ADC) et Biofrost (support), le continent outre-Atlantique possède désormais ses ratones. Le résultat est encore inconnu, mais il est évident que cette équipe va défier toutes les statistiques grâce à l'inluence des joueurs de l'équipe.
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