LoL : Récap du Spring Split de la LCK 2018
On ne va pas bouder notre plaisir, le Spring Split de la LCK a été passionnant à suivre : niveau de jeu particulièrement élevé, matchs indécis, des surprises chaque semaine, du suspens jusqu’au dernier jour de la saison régulière… Mais au final et en prenant un peu de recul, on peut se demander s’il a réellement servi à quelque chose. En effet Kingzone DragonX, anciennement Longzhu Gaming et champion en titre, a survolé la compétition en ne concédant que deux matchs et n’a jamais été réellement inquiété par ses concurrents. SK Telecom T1, KSV eSports, KT Rolster ou encore bbq Olivers ont raté leur segment à divers degrés, tandis que Kongdoo Monster a poursuivi sa série de descentes au terme du Spring Split.
Intouchable Kingzone
L’arrivée de Peanut devait renforcer la domination des anciens Longzhu, et même si les débuts de l’ex-joueur SKT ont été poussifs et ont permis de rappeler à tous que Cuzz avait tout à fait sa place dans l’effectif, ce qui devait arriver arriva. Avec seulement 2 matchs perdus et 7 parties concédées, 8 en comptant la finale, rarement une équipe avait autant dominé la ligue coréenne. La seule question concernant l’équipe porte désormais sur l’international et le prochain MSI sera l’occasion de laver l’échec du dernier mondial. En l’absence de concurrence coréenne rien ne semble en mesure de barrer la route à la formation.
Kingzone avec son trophée (Crédit photo : KeSPA)
SKT, KSV et KT : déception à tous les étages
Nous avons beaucoup évoqué le cas SK Telecom au cours du split. En résumé la structure a loupé son recrutement, les individualités ont déçu et Faker a porté à bout de bras une équipe sans cohésion, parfois épaulé par Bang.
Le cas des ex-Samsung Galaxy et champions du monde en titre est assez similaire. L’ensemble des joueurs a connu des baisses de performances à diverses périodes du Split, faisant de KSV une équipe instable. Ni Ambition ni Haru n’ont donné satisfaction dans la jungle, tandis que Crown a été incapable de récupérer son niveau de début 2017. Des changements sont attendus, car si cette itération de KSV a connu le succès lors des deux derniers mondiaux, ses performances régionales n’ont jamais été satisfaisantes, et la concurrence accrue cette saison pourrait les empêcher de défendre leur titre à domicile en octobre prochain.
Enfin peut-on encore parler de déception lorsqu’il s’agit de KT Rolster ? Vainqueur de la KeSPA Cup durant l’hiver, l’équipe semblait enfin avoir trouvé la formule pour permettre à sa superteam de fonctionner. Si PawN et Deft ont continué d’avoir des trous de performances, le midlaner a fini par être remplacé par le tout jeune Ucal, qui a apporté énormément de stabilité à une formation qui en manquait cruellement. Tout était réuni pour que KT réussisse, le quart de finale contre les rivaux de SKT frôlant la démonstration, mais face aux Afreeca Freecs, qu’ils avaient pourtant largement dominés quelques semaines plus tôt en clôture du split, la formation a implosé. Les vieux démons ont refait leur apparition, entre les individualités qui ont sous-performé et la cohésion d’équipe disparue. Pour la troisième fois en autant de split la superteam KT Rolster a échoué dans sa quête de titre, et l’avenir est plus flou que jamais pour la structure.
Afreeca Freecs et ROX Tigers : les bonnes surprises
Le départ de MaRin aurait pu être une perte insurmontable pour les Freecs tant le champion du monde 2015 était important dans le dispositif Afreeca en 2017 : capitaine, shotcaller et carry principal. En réalité son absence a totalement libéré une formation top-centrique. Spirit et Mowgli ont pu diversifier leur début de partie, Aiming (avant son ban) et Kramer ont pu s’exprimer tandis que TusiN a explosé au point d’être considéré comme le meilleur support de la ligue. Avec un Kuro plus fort que jamais comme élément central, la version 2018 des Freecs s’est complètement transformée en devenant une des équipes les plus stables de Corée tout en conservant son esprit d’innovation, qui était sa marque de fabrique au cours des saisons précédentes. Modelé par le coach iloveoov, ancienne star de StarCraft, il n’aura pas manqué grand-chose pour que l’éternel underdog remporte le titre à Busan le 14 avril dernier. Si Aiming retrouve le droit de jouer compétitivement, les Freecs pourraient réellement poser problème à Kingzone durant l’été.
Les titulaires Afreeca Freecs : TusiN, Kuro, Spirit, Kramer, Kiin (Crédit photo : TusiN)
Le dernier split de l’organisation sous le nom ROX Tigers n’aura pas été à hauteur de la légende qu’elle a forgée au cours des saisons 5 et 6, mais il aura eu le mérite de nous tenir en haleine. Longtemps en position de se qualifier pour les Play-offs, les coéquipiers de Sangyoon se sont inclinés lors de leur dernier match, les poussant hors des phases finales. En faisant confiance à ses joueurs durant l’intersaison le staff a vu juste puisque Lindarang, SeongHwan et Lava ont considérablement progressé au cours du split, permettant à ROX de ne pas dépendre uniquement de son carry AD pour remporter des parties. Si dans cet état il est peu probable que la formation puisse obtenir son ticket pour le mondial, leur évolution aura été très intéressante à suivre. Mais ROX Tigers n’est plus, et dès le Summer Split la structure deviendra Hanwha Life Esports.
bbq Olivers, Jin Air Green Wings, MVP et Kongdoo Monster : l’histoire se répète
Le recrutement de bqq était ambitieux et sur le papier la formation avait parfaitement réussi son mercato. En faisant revenir d’Europe IgNar et Trick tout en conservant ses meilleurs éléments l’équipe avait tout pour jouer les troubles-fêtes. Mais la mayonnaise n’a jamais pris, les anciens ne progressant pas et les nouveaux étant loin de leurs standards du vieux continent. Seul coup d’éclat la victoire contre Kingzone au retour du Nouvel An lunaire, mais cela n’aura pas empêché la formation d’éviter le tournoi de promotion uniquement à la différence de point avec MVP. Si la modeste organisation n’a pas à rougir de ses résultats au sein d’une ligue plus serrée que jamais, cette version de bbq ressemble tout de même fort à une occasion manquée.
Les années passent et se ressemblent pour la formation Jin Air empêtrée dans le milieu de tableau, meilleure que les équipes relégables, mais incapable de lutter réellement contre les prétendantes aux Play-offs. La construction d’un effectif autour du jeune Teddy n’aura pas porté ses fruits, et il est fort probable que son carry AD ne décide de quitter le navire prochainement, que ce soit pour l’été ou la saison prochaine. UmTi ne semble pas avoir progressé, SoHwan a montré ses limites en l’absence d’ikssu tandis que ni Grace ni Justice n’ont fait oublier Kuzan.
Les résultats décevants de Jin Air pourraient pousser Teddy à chercher une nouvelle équipe (Crédit photo : Inven)
De son côté MVP a continué sa chute en terminant à la neuvième place. Prévisible pour une formation ensemble depuis plus de deux ans et qui manque cruellement de talent pour rivaliser avec ses adversaires. L’arrivée de Pilot semble avoir légèrement modifié les mentalités des joueurs, ce qui a suffi pour assurer sa place en LCK lors du tournoi de promotion, mais sans changement drastique l'histoire continuera de se répéter pour la structure.
Enfin comment parler d’un Spring Split de la LCK sans aborder le cas Kongdoo Monster. Pour la troisième année consécutive, la formation est reléguée en Challenger Korea suite au segment de printemps. Plus forte que les CK, mais pas assez pour la LCK, Kongdoo occupe une place assez particulière sur la scène. Pourtant le split passé avait démarré assez bien avec un duo mid/jungle composé de Raise et Edge agressif et performant, mais le niveau général de l’équipe était insuffisant. Le jungler a montré de bonnes choses et certaines organisations devraient se pencher sur son cas durant l’intersaison. À l’année prochaine Kongdoo Monster.
En conclusion la majorité des événements du Spring Split était prévisible avant même son commencement. Que ce soit les problèmes de SKT, KSV et KT, l’incapacité des petites équipes à se faire une place dans la première partie du classement ou la domination de Kingzone tout était envisageable. À la porte du top 4 depuis plusieurs splits Afreeca Freecs a su profiter des faiblesses des membres de ce top pour se faire sa place. Alors ce Spring Split aura-t-il servi à rien ? Non, car le développement de certains joueurs ou équipes ainsi le suspens présent durant ces 3 mois de compétition auront été passionnants à vivre. On vous donne donc rendez-vous en juin pour le début du Summer Split de la LCK.