WoW : Retour sur les serveurs World of Warcraft Vanilla entre réalité et nostalgie

Alors que Blizzard a annoncé il y a peu l'arrivée de serveurs dédiés à WoW Vanilla, rapide retour sur la réalité du jeu tel qu'il était jouable il y a plus de dix ans.
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L’annonce de la future ouverture de serveurs dédiés à une expérience classique de World of Warcraft s’inscrit dans la volonté de Blizzard de présenter les serveurs legacy comme une réponse au désir des joueurs. Elle fait écho à l’histoire plutôt récente de la fermeture du serveur privé Nostalrius, et plus globalement de son changement de position sur le sujet. Malgré le nombre non négligeable de demandes de joueurs pour revenir à des versions de World of Warcraft plus anciennes, Blizzard a longtemps fait la sourde oreille, prétextant que les joueurs se lasseraient rapidement de ces serveurs. Ainsi, il aura fallu que Nostalrius, l’un des plus gros serveurs privés soit directement visé par les mécontentements, pour que Blizzard le ferme en avril 2016. Cette affaire amorcera à la grande satisfaction de certains, l’ouverture d’un dialogue sur la possibilité de donner aux joueurs les plus nostalgiques, l’accès à leur jeu préféré sous sa forme originelle. Ce n’est qu’après une longue période de silence que Blizzard annoncera lors de la conférence d’ouverture de la Blizzcon 2017 la création de serveurs World of Warcraft offrant une expérience de jeu similaire à celle vécue il y a plus de dix ans.

Mais si les yeux des plus anciens d’entre nous pétillent d’impatience pour le jeu qui a bercé leur enfance, il est possible que la nostalgie nous fasse involontairement oublier les problèmes et les difficultés qui caractérisaient World of Warcraft Vanilla. Plus encore, sur les huit millions d’abonnés que comptait le jeu avant la sortie de la première extension, combien de joueurs de l’époque sont encore actifs ? En d’autres termes, combien de joueurs à ce jour savent vraiment ce que signifie jouer à World of Warcraft Vanilla ?

Si la nostalgie frappe aisément ceux qui l’auront connu et les motive à se relancer dans l’expérience MMORPG, rien n’est moins sûr pour la majorité des joueurs d’aujourd’hui qui ont subi de plein fouet l’évolution du jeu vidéo, vers toujours plus de facilité et d’ergonomie. Nombreux sont donc les points à connaitre avant de se lancer dans l’aventure originale.

Des larmes et du temps

Le premier d’entre eux est l’aspect chronophage du jeu pour des actions somme toute banales. Le gain d’expérience dans le jeu de base était une véritable croisade. Il n’y avait que trois façons de faire évoluer votre personnage : les quêtes, les monstres et les donjons (et il n’était pas rare que les quêtes pour progresser se fassent rares). Les métiers, les champs de bataille, les bonus, tout cela n’existait pas. Par ailleurs, il fallait un temps astronomique pour monter au niveau maximum, et l’on parle ici de seulement 60 niveaux, rien à voir avec les 110 actuels !


La cinématique d'introduction de World of Warcraft (Crédits WoW France)

Aujourd’hui quand un joueur choisit de faire un donjon, il n’a qu’à cliquer sur un bouton qui le téléporte à l’intérieur, avec un groupe optimisé. Mais à l’époque, il fallait se rendre obligatoirement dans une capitale, utiliser le canal commerce et former un groupe à la main. Il fallait ensuite se rendre sur place et rentrer par le portail de donjon. Et bien sûr, il n’y avait pas de pierre de téléportation. Mais se rendre en ville pour recruter des gens était presque un mal pour un bien. En effet, chaque sort possédait des rangs qu’il fallait acheter à chaque niveau ; et il vous fallait par ailleurs acheter la possibilité de porter des armures ou de changer de talents.

L’argent, aussi étonnant que cela puisse paraître pour des joueurs qui n’ont pas connu le jeu à ses débuts, était très rare. Ramasser des pièces d’argent sur un monstre relevait du bonheur, et ce, même au niveau 60 (Pas de quêtes journalières à l’époque). Tout était sujet à dépenser l’or durement gagné : de l’achat astronomique de la compétence de monture, au coût des maîtres de vols, en passant par les réparations ou bien encore les métiers. L’argent était tellement rare qu’il était courant de ne pas avoir de monture au niveau adéquat et bien entendu, la monture volante n’existait pas !

De la difficulté dans tous les aspects du jeu

Une fois le niveau maximum atteint, il fallait faire face à des problèmes qui de nos jours semblent relever de la folie. Afin qu’un personnage ait accès au buff de groupe, il fallait obligatoirement qu’il possède un livre de sort. S’il ne l’avait pas, impossible pour lui de lancer un sort sur plusieurs personnes en même temps. On parle ici de sorts qui coûtaient à un personnage la moitié de sa barre de mana. Quand le sort en question ne durait que 5 minutes, comme pour les paladins, la chose devenait un véritable calvaire. Dans le même ordre d’idée, le chasseur était déjà une classe très populaire, mais le fardeau qui pesait sur celui-ci était bien plus lourd qu’aujourd’hui : s’il voulait tirer avec ses armes, le chasseur devait utiliser des munitions et en transporter des milliers dans son carquois. Par ailleurs son compagnon animal devait obligatoirement être nourri pour infliger des dégâts décents.

L’évolution du jeu a depuis toujours amené les joueurs vers des raids pour recevoir de l’équipement plus puissant. Cependant, il était impensable à l’époque de se rendre dans un raid sans un équipement spécifique à base de résistance. Tuer des monstres en boucle dans les donjons pour récupérer des pièces de résistance magique était commun.  Ne cherchez plus, vous savez désormais d’où vient l’expression « stuff vert de la chouette ».

Vanilla : entre réalité et nostalgieRéussir MC sans résistance magique sur plusieurs Boss ? Impensable ! (Crédits wowhead)

Enfin, même les joueurs adeptes de PVP avaient autant de mal que les autres. Le système de cumul de points chaque semaine (un système grossier de point d’arène) vous donnait accès à un rang de combat et à des points d’honneur. Si le principe semble familier, il est toutefois important de noter qu’il s’agit d’un système dans lequel plusieurs semaines étaient nécessaires pour obtenir une simple pièce et à condition bien sûr, d’avoir le rang adéquat. Ce dernier point était encore plus vrai lorsque le jeu inter-serveur n’existait pas et que l’équilibre des BG était inexistant.

Mais pas de regret pour les braves.

Pour comprendre la nostalgie que ressentent les anciens joueurs, il est essentiel d’imaginer ce qui les a tant marqués.

Issu d’un univers déjà bien amorcé via la série de jeu incontournable Warcraft, et fort de son avantage graphique et ergonomique, le jeu a su populariser le genre en proposant un système plus alléchant par son accessibilité que ses concurrents directs (Star Wars Galaxies ou Everquest pour ne citer qu’eux).Un jeu tiré d’une saga encensée avec un univers complexe annonçait un univers profond et une identification du joueur à son personnage. De fait les quêtes, spécifiques aux races et aux classes qui permettaient de débloquer des pouvoirs et des objets uniques, étaient un vecteur fort de l’attachement du joueur à son avatar. Le combo temps investi et profondeur de jeu offrait un mélange détonnant d’attachement et de satisfaction.

Finir la quête légendaire du prêtre, sans l’intervention d’un autre joueur (ce qui provoquait l’échec) pour obtenir l’Anathème, ou achever la dernière tâche d’une longue et complexe suite de quête pour obtenir le golem infernal du démoniste, sont autant d’exemples qui provoquaient l’euphorie du joueur. Et même si ces deux exemples semblent spécifiques, ils s’inscrivaient dans la logique globale du « si vous le voulez, méritez-le ». Pour illustrer cet état d’esprit, la meilleure image est celle de la rareté de l’équipement. Alors qu’aujourd’hui la norme d’équipement des personnages est celle de l’équipement épique (violet), il faut bien garder en tête qu’à l’époque, posséder une pièce de ce niveau de rareté n’était pas une mince affaire.

Vanilla : entre réalité et nostalgieLa Vallée d'Altérac n'avait rien à voir avec la version actuelle (Crédits Blizzard)

 

Enfin, comment conclure le dernier point de nostalgie sans évoquer les batailles légendaires de la Vallée d’Altérac. Même s’il pouvait paraître rédhibitoire sur certains points, ce champ de bataille fut l’un des plus remarquables jamais créés. Bien loin de sa version actuelle, il proposait aux joueurs une multitude d’interactions avec les PNJ, comme des charges d’infanterie ou de cavalerie, des bombardements aériens ou pire, l’intervention de gigantesques Worldboss. Il s’agissait d’un champ de bataille ou le mot guerre prenait tout son sens, et ou les batailles rangées comme on peut en voir au cinéma étaient monnaie courante.

World of Warcraft Classic est assurément une bonne chose pour tous les nostalgiques de la vieille école, et pour tous ceux qui veulent s’essayer au jeu qui a marqué l’histoire du MMORPG. Sans nul doute, Blizzard saura trouver un public pour ce genre de serveur et ce, malgré quelques points négatifs. L’investissement en temps sera sûrement plus important qu’à l’heure actuelle, mais la récompense finale sera elle, beaucoup plus grande. Pour les joueurs qui n’ont jamais eu la chance de s’essayer au jeu d’origine, ce sera une occasion de tester le jeu en mode mythique sur tous ses aspects.