Test Season : a letter to the future, un jeu contemplatif d'exploration à vélo
Je dois bien l’avouer, il est rare que j’aie l’occasion sur ces pages (virtuelles) d’officier en tant que testeur de jeu. Et pour cause : habituellement rédacteur sur Breakflip Awé, je suis généralement spécialiste des tests de matériels en tous genres.
Lorsqu’une proposition nous a été faite de tester un jeu dont le personnage principal se déplaçait à vélo nous a été faite, il n’en a pas fallu plus à mes collègues pour m’en parler en plaisantant. C’est vrai, moi qui me rends aux bureaux à vélo, qui aime parfois le week-end battre la campagne sur ce vieux vélo ayant appartenu à ma mère, j’étais sûrement le mieux désigné. J’ai alors pris leur blague au pied de la lettre : voici le test de Season : a letter to the future.
Test de Season : a letter to the future sur Playsation et PC
Après une courte tentative de jouer au jeu sur clavier, j’ai vite abandonné. Le premier contact avec le jeu fût sur ce plan assez fastidieux, puisque j’ai erré dans certains menus très longuement, avant que ma patience n’arrive à bout et que j’aille emprunter la manette d’une collègue.
Lancé sur Steam Big Picture, il n’y eut ensuite aucun problème. Dès le début, le jeu prend le temps de poser sa narration, et adopte un rythme assez lent. Une courte phase en point and click permet d’apporter du contexte : dans une atmosphère assez mystique, où une forme d’énergie spirituelle existe dans chaque objet, il nous faut en sélectionner quelques-uns pour la suite. Comme dans beaucoup d’autres jeux, le pitch est assez simple : nous étions bien chez nous, mais il nous faut partir à l’aventure afin d’obtenir des réponses, et in fine de faire découvrir le monde au joueur. Ici, il est question de troubles psychiques, dont nous étions juste là relativement protégés grâce au « docteur Fumio ». Nous partons donc avec une mission : collecter des images, des sons, des objets venant de l’extérieur dans le but de les déposer dans un mystérieux musée.
À peine prenons-nous la route que la magie du jeu opère
Nous avons un journal de bord à compléter au fur et à mesure. Très vite, on se prend au jeu : de quelques éléments à enregistrer (audio, photos, texte ou autres), obligatoires pour valider chaque niveau, il est possible d’aller au-delà et de mettre à l’envie de la décoration ou plus de contenu que nécessaire. Je me suis pris d’une véritable passion pour ce scrapbooking virtuel, qui nous pousse de façon ludique à explorer de fond en comble chaque recoin du niveau afin de ne pas rater une miette.
Votre but principal sera de compléter ce journal : de nombreuses options permettent une grande liberté dans son contenu et sa mise en page
Le choix du vélo comme mode de déplacement est sûrement la meilleure trouvaille des créateurs de ce jeu, puisqu’il s’agit indubitablement du mode de transport qui invite le plus à prendre son temps, à pouvoir passer partout et à s’arrêter n’importe quand. Sur le plan des sensations, le jeu restitue très bien celles que l’on a lors d’une véritable balade à vélo. Ayant l’habitude d’arpenter les paysages de notre belle Touraine, je fus également ravi de découvrir les paysages du jeu.
Au détour d'un virage, le jeu propose des moments de pure contemplation
Les paysages ont un goût parfaitement dosé de fin du monde, sans verser dans le style habituellement repoussant des jeux post-apocalyptiques
Au fil des différents tableaux, nous découvrons donc différents paysages, et ce avec différentes météos. Rapidement, le jeu nous plonge totalement dans son atmosphère, avec une ambiance de veille de fin du monde très bien restituée. Nous nous retrouvons alors à arpenter une vallée sur le point de disparaître ; nous en sommes le dernier témoin, et le jeu fait figure d’expérience anthropologique. Nous mettons de côté des photos et des notes pour plus tard, afin de garder à la postérité un peu de ce qu’ont laissé ce qui furent là avant.
Notre personnage va arpenter la vallée à la recherche de traces des vies passées ici
Le jeu comporte très peu de personnages ; pour autant, il n’en paraît pas vide. Les souvenirs des vies passées dans les lieux visités sont omniprésents, qu’ils soient physiques ou restitués à l’aide de plantes mémorielles. Cette mécanique permet de restituer des moments de vie passés dans le même lieu, et est en cela commune à d'autres jeux post-apocalyptiques (Fallout, The Division...), avec en plus une touche de poésie. On découvre vite que ces souvenirs sont très importants. Le peu de personnages rencontrés en est d’autant plus précieux ; tous ont leurs buts, leurs idéaux et leurs spécificités. Au fil du temps, ils permettent d’avoir des explications sur ce qui est rencontré en jeu, et leurs souvenirs permettent d'en apprendre plus.
La transmission du savoir entre les générations est au cœur du jeu
Certains personnages pourront être assez difficiles à cerner, comme cet étrange milicien...
Bilan
Season : a letter to the future est une véritable expérience, réussie, très contemplative et relaxante. On y ouvre une fenêtre sur des personnages très variés. Les paysages sont enchanteurs, l’atmosphère est pleine de poésie et invite à prolonger ce voyage. Nous sommes plongés dans un univers d’émerveillement, avec une temporalité qui lui est propre, formant une parenthèse hors du temps. Ce jeu est donc pour moi un grand coup de cœur, proposant un vrai dépaysement, et plaira aux amateurs de ce genre de jeu contemplatif.
Ce fameux barrage doit céder, emportant tout sur son passage...