Zerator : Ascension 2024, sa vision de l'Esport et Fortnite, il nous dévoile l'envers du décor en Interview

Dans une interview, Zerator nous dévoile tout !

À l'occasion de l'Ascension 2024, la compétition e-sport annuel de Zerator, nous avons eu la chance de pouvoir l'interviewer pendant une bonne demi-heure.

Dans cette interview, Adrien "Zerator" Nougaret nous dévoile l'envers du décor, sa vision de l'esport et son envie de faire les choses "différement" !

Sommaire des questions, cliquez pour être redirigé à la question qui vous intéresse : 

Pour l'Ascension 2024, plutôt que de faire une compétition Fortnite classique, tu as décidé d'installer des modes de jeu différents, des Boxfight, du saut d'obstacles, des zones mobiles. Tu as un besoin de faire les choses différemment de la concurence, quelque chose d'original, pourquoi ?

Zerator : En fait, l’idée est que je suis aidé par le passé, puisque nous avons déjà organisé des compétitions Esport sur d’autres jeux et beaucoup de jeux. On peut parler de Trackmania, bien sûr, car c'est le plus emblématique que nous avons fait, mais nous l'avons fait sur beaucoup d'autres jeux, y compris ZLAN et tout ça, et notre idée est toujours d’essayer de faire quelque chose de légèrement différent de ce qui se fait de base, pour que les gens aient un intérêt à venir et que ce ne soit pas une énième compétition.

C'est un équilibre difficile à trouver, car il ne faut pas trop en faire, pour que ce ne soit pas complètement aléatoire, et que n'importe qui puisse gagner, sinon, ça ne vaut pas la peine, autant faire un tirage au sort. En plus de cela, il faut attirer de nouvelles personnes et garder celles qui sont déjà sur le jeu, établies, et qui aiment le système, etc.

Tout en faisant un peu à notre rythme, car nous aimons faire quelque chose de légèrement différent, et surtout, dans Fortnite, c'est encore plus pratique car le jeu n'est pas seulement le mode Battle Royale, il y a beaucoup d'autres choses. Franchement, nous aurions aimé aller beaucoup plus loin dans le mode créatif, etc. Mais on peut pas aller trop loin non plus, sinon nous tomberions dans ce que je te disais, le côté un peu trop RNG, ou le côté trop créatif, pas assez Fortnite. Donc nous voulons toujours respecter les joueurs et les personnes qui jouent au jeu depuis des années.

Et en plus, les compétitions françaises manquent un peu dans Fortnite depuis quelques années, toutes ces planètes se sont alignées et c'était cool de pouvoir le faire différemment.

Penses-tu que cette compétition va susciter l’intérêt de Fortnite parmi les spectateurs ?

Zerator : C'est difficile à dire, parce que si elle suscite l’intérêt parmi les spectateurs, le problème est qu'ils pourraient ne pas être habitués, parce que comme nous faisons un type de compétition différent, nous ne voulons pas établir une norme sur Fortnite, ce qui n’est pas ce que font les principales compétitions.

Donc, je ne sais pas si cela va raviver l'intérêt pour Fortnite. Et de toute façon, je ne pense pas que cela va générer des vues absolument incroyables. En fait, notre objectif avec Ascension est que le Cashprize existe, que les joueurs soient heureux, qu'il y ait des spectateurs dans la salle et que nous fassions un joli spectacle. En fait, nous ne cherchons pas à faire le maximum de spectateurs possible, sinon nous aurions organisé un tournoi d'influenceurs.

Quand on cherche absolument à faire des vues, ce n’est pas une compétition que tu fais toi-même. L'objectif, le but optimisé, c'est de faire quelque chose de différent. Franchement, je ne dirais pas que cela va raviver la hype de Fortnite, du moins en termes de spectateurs, car je pense que c’est trop différent de ce qui est fait actuellement.

Pourquoi le choix du mode jump plutôt qu'un autre ? 

Zerator : Nous voulions un mode vraiment différent. Et nous nous sommes posé la question, faisons-nous des courses de véhicules, des courses à pied, des courses d’obstacles, etc. Et encore une fois, nous avons regardé les cartes les plus populaires qui existaient, mais il y avait beaucoup de choses qui étaient un peu bancales. Typiquement, les courses de véhicules, pour moi, sont quelque chose que nous avons beaucoup exploré.

Mais nous n'avons pas trouvé quelque chose de suffisamment solide, pour pouvoir dire que cela peut aller en compétition. Parce que tu as aussi des choses qui sont un peu cassées dans les véhicules, les physiques, ou parfois des choses qui ne vont pas. Donc, on a l'impression que ça n’a pas été créé pour être un jeu de course, de base.

D'un autre côté on s'est dit, un joueur qui commence dans une compétition de saut, il ne peut pas faire zéro, si, en fait, si tu es le meilleur tireur de Fortnite ou le meilleur joueur de Fortnite au monde, mais que tu n’as jamais fait de mode jump, tu feras quand même une "bonne" performance.

Donc l’idée était aussi que le mode créatif, il n’annule pas complètement ce que tu fais dans les modes précédents, parce que, encore une fois, l’objectif n’est pas de saboter la scène de Fortnite en mettant un mode impossible pour les joueurs "classiques".

Nous voulions autant de défis différents que possible, mais c’est toujours un jeu de tir, c’est toujours un jeu de mouvement ; nous voulions encore rester fidèle à cet aspect, tu dois toujours tirer sur les gens, etc., tu dois encore construire, mais pas tout le temps, donc il y a un peu de no build, un peu de zone mobile, etc. Donc ouais, je pense que c’est cool d’avoir quelque chose d'un peu différent, sans que ce soit non plus une foire au saucisson, et le côté RNG un peu trop.

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Tu parles de RNG, mais quand j'ai découvert l'Ascension de cette année, j'ai aussi vu qu'il y aurait 60 joueurs sur scène. Ce n’est pas trop la galère de faire ça ?

Zerator : Bien sûr que si. C’est une vraie galère d’être 60 sur scène, haha. Et nous aurions pu en faire plus en fait, mais c'est une question de budget, etc. Et d’espace sur scène. Parce que nous aurions pu monter jusqu’à 100. Et l’idée de base était de faire une sorte de mur de joueurs, etc. Mais cela multiplie les coûts par dix.

Donc ouais, nous nous sommes concentrés sur 60 parce que nous pensions que c’était encore un nombre impressionnant pour une scène et que cela avait encore un aspect Battle Royale sur Fortnite. Ce n’est pas comme s'ils étaient 20, ce n’est pas comme s'ils étaient 100 non plus, c’est vrai, mais nous voulions quelque chose d'un peu différent.

Le maximum que nous avons fait sur scène était 8 avec Trackmania où nous avons fait des 4v4, freezes, et FFA8, etc. Mais nous n'avons jamais été plus de 8 et ça fait un moment que nous voulions faire Battle Royale sur scène. Mais, effectivement, il n’y aura pas que du Battle Royale, parce que parfois tu as une zone mobile où il y a un peu moins de personnes, tu auras le mode jump où il y a un peu moins de personnes.

Donc ouais, nous travaillons sur une scénographie à 60, mais, effectivement, c’est un gros casse-tête, il faut beaucoup d'espace, beaucoup de ressources, il faut avoir des PC, de la RAM si quelque chose ne va pas, etc. Surtout que les joueurs FPS et TPS sont très exigeants, ce qui est normal, car en termes de hertz pour les écrans, en termes de capacité FPS, etc.

Nous avons la chance que Fortnite soit encore un jeu très bien optimisé. Donc c’est toujours un avantage pour nous. Derrière, il faut gérer tout ça. Bien sûr, sur 60 PC, il est presque certain qu'il y aura un problème technique. La question est de savoir si nous pouvons le résoudre. Si oui, combien de temps ? Quels sont les besoins des joueurs à ce sujet ?

Parce que, nous avons aussi besoin qu'ils comprennent qu'ils sont sur scène, mais en même temps, nous ne pouvons pas dire que le show doit continuer quoi qu'il arrive, parce qu’il y a quand même presque 60 000 euros de prize pool, donc…

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Et tu parlais du budget, et une de mes questions, combien coûte un tournoi comme Ascension ?

Zerator : Écoute, c’est assez complexe. On peut dire que c’est au moins 100 000 euros, sans compter les frais supplémentaires comme les coûts de location du lieu, la création des maps, les salaires des équipes, les frais de déplacement, et ainsi de suite. On parle vraiment d’un gros budget, surtout pour quelque chose qui se passe en France. La France n’est pas forcément le pays le plus facile pour organiser ce genre d’événements en termes de coûts.

Tu vois, organiser un tournoi Esport avec autant de joueurs et de détails, ce n’est pas une mince affaire. On doit gérer beaucoup d’aspects logistiques et techniques, et ça coûte cher. Les coûts de production, le montage, le streaming, les équipements nécessaires, ça s’additionne rapidement.

En plus, nous avons voulu offrir une expérience de qualité aux joueurs et aux spectateurs, donc on a investi dans des éléments qui font la différence, comme des décors bien pensés, une bonne sonorisation, des écrans de qualité, etc. Tout cela contribue à faire d’Ascension un événement marquant.

Et tout ça dans le but de faire en sorte que les joueurs et les spectateurs aient une expérience mémorable, et que ça reste dans les annales comme un tournoi spécial. Nous mettons tout en œuvre pour que ce soit un succès, malgré les défis financiers.

Revenons un peu à la compétition elle-même. Tu as mentionné que vous avez essayé de faire quelque chose de différent. Est-ce que tu penses que cela va impacter la manière dont les autres tournois vont se dérouler à l’avenir ? Peut-être qu’ils vont s’inspirer de ton approche ou changer leurs propres formats ?

Zerator : Je l’espère. Je pense que toute innovation dans le monde de l’Esport est bénéfique. Si notre approche peut inspirer d’autres organisateurs de tournois à essayer de nouvelles choses, à expérimenter, alors c’est une victoire en soi. Cela dit, chaque événement est unique et ce qui fonctionne pour Ascension peut ne pas convenir à d’autres jeux ou à d’autres formats. Le but est vraiment d’ouvrir la voie à la créativité et à l’innovation. Si d’autres tournois commencent à explorer des concepts nouveaux ou à intégrer des éléments différents, ça ne peut que faire grandir l’Esport dans son ensemble.

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Autant que possible, tu essaies de faire en sorte que tes événements se financent eux-mêmes, que ce soit par une billetterie, par la vente de produits dérivés, par des partenaires qui sponsorisent l'événement, etc. Pour cette année, Ascension 2024, tu dirais qu'en pourcentage, combien de ta poche tu as dû débourser pour l'événement ?

Zerator : Le problème, c'est qu'on n'a ce chiffre qu'à la fin, car ça dépend aussi de ce qui se passe sur place. On peut avoir des sponsors qui signent quelque chose une semaine avant le show, parce qu'ils réalisent qu'ils ont débloqué un budget ou qu'ils ont entendu parler de l'événement un peu à la dernière minute.

Il faut aussi voir au niveau de la billetterie, si la salle sera pleine, et si oui, à quelle vitesse, à quel moment. C'est difficile de répondre, mais nous sommes sur un show où il y a deux qualifications, des sponsors déjà signés, etc. On devrait être au même niveau, je pense. Je suis presque sûr, c'est difficile d'en être sûr, évidemment. Mais le truc, c'est que dans ce genre de show, c'est un peu une vitrine pour nous.

Donc on raisonne toujours de la même manière, c'est-à-dire que si on parvient à débloquer plus de budget, on peut débloquer plus de décors sur scène, plus de moyens pour les joueurs, etc. En fait, ça s'additionne. On ne se dit pas que le show coûte tant, tout ce qu'on fait au-dessus vient de notre poche, on essaie de réinvestir dans le bien-être de notre compétition et dans le côté technique, le côté lumière.

Parce qu'une scène et un show Twitch, c'est un peu infini, tu ajoutes ce que tu veux et chaque personne que tu rajoutes coûtera de l'argent, chaque moyen technique coûtera de l'argent, chaque écran, chaque, je ne sais pas, système de fumée, lumières, projecteurs, tout. Tout coûte un peu plus. Et parfois avoir un ou deux projecteurs supplémentaires, etc., peut faire une différence sur certains aspects de la scène. Nous sommes sur des détails, mais je pense que c'est aussi pour ça que les gens nous font confiance au fil des années. C’est parce qu'ils ont vu que nous faisions des shows assez professionnels et de qualité. Nous avons toujours fonctionné ainsi, ça a toujours bien marché.

Epic Games est impliqué dans le projet, du moins en partie. En quoi consiste leur implication dans le projet ?

Zerator : Je pense pouvoir dire qu'il y a deux niveaux. Le premier niveau est financier, bien sûr. Ils nous ont aidés, ils font partie du projet. En fait, c’est comme s’ils étaient un sponsor de l’événement, en gros.

Ils nous aident donc financièrement, et ensuite il y a le côté technique, où ils nous ont conseillés sur certaines choses concernant Fortnite. Ils nous ont aidés. Parfois, ils nous ont donné du soutien sur certaines choses, en disant : là, nous allons le faire. Nous avons réfléchi à certaines choses que vous pourriez faire ici. Il y a aussi des APIs, donc tout ce qui permet l’automatisation des choses dans les jeux.

Ils nous ont mis en contact avec des personnes qui connaissent bien le jeu, qui ont l'habitude d'organiser des compétitions, etc. C’est bien parce que c’est une aide à deux niveaux, ce n’est pas seulement un soutien financier, et c’est ce qui est bien quand un éditeur s’implique un peu. D’autant plus que c’est le seul tournoi européen validé par Epic Games, on va dire, le seul grand tournoi, donc ils nous ont vraiment fait confiance et c’est cool parce que je pense qu’on a réussi à gagner cette confiance au fil des années avec tous les autres tournois et événements que nous faisons. Ils se sont dit qu’on pouvait faire quelque chose avec nous, c’est cool. Et c’est vraiment une grande fierté pour nous, c’est la preuve que le travail fonctionne et que le travail est reconnu, donc c’est bien.

Il y a un monde où un jeu de l'Ascension revienne plus tard ? Par exemple Trackmania en 2025

Zerator : J'avais juste dit, ici on fait une petite pause avec Trackmania, parce qu’on en a beaucoup fait. On a besoin de se renouveler, on veut se renouveler. C'était un peu facile pour moi de continuer, j'aurais pu continuer encore 5, 10 ans avec Trackmania. Mais voilà, maintenant, on peut changer de voiture en course.

C’est vrai que Trackmania, c’était un jeu avec lequel j’avais encore beaucoup à faire. Et c’était la facilité pour moi. C’est presque ce qui a le plus de viewers sur ma chaîne, avec la cartographie en plus, qui génère beaucoup de revenus, etc. Donc c’était vraiment le choix simple, et le choix sûr. Mais oui, c’est vrai qu’après 10 compétitions et 9 ans de tournois, on en avait un peu assez. Et on voulait aussi nous prouver qu’on pouvait faire ou savoir faire autre chose. Évidemment, on le fait avec les ZLAN, on a fait la Worms Cup, on a vraiment fait beaucoup de choses à part ça.

Mais on voulait faire autre chose. C’est comme quand on a fait les petits tournois avec Age of Empire, qui ont duré deux ans, où on a essayé de faire autre chose. Un peu d'enthousiasme pour AoE, essayons d’être là-dessus et de faire quelque chose, ça va être cool. Ce ne sont pas évidemment des jeux que tu peux faire chaque année parce que le côté surprise s’essouffle après un moment, mais bon.

J’aime l’idée d’aller dans de nouveaux domaines et tout, et ça me permettrait de travailler avec Doigby, qui est quelqu’un que j’aime beaucoup et qui est très pro, et ça fait longtemps que je n’ai pas travaillé avec lui, donc c’est cool.

Dans une autre interview que tu as faite récemment, tu disais qu’il était difficile d’investir dans un jeu Tier 1 sans déséquilibrer Mandatory financièrement. Est-ce que tu te verrais investir dans une équipe de Div 2 comme LoL ou encore Fortnite qui coûte "un peu" moins d'argent ?

Zerator : En gros, on regarde toujours où on pourrait étendre le côté Esport de Mandatory, mais ça pose plusieurs problèmes, et en fait il y a deux principaux. Le premier est, comme tu l’as dit, financier. Il faut voir ce que ça coûte et ce que ça peut impliquer en plus, parce que ce n’est pas parce que tu recrutes une nouvelle équipe que tu as trois sponsors de plus. C’est même le contraire, en réalité, plus tu as d’équipes, moins il y aura de sponsors qui suivront, parce qu’ils penseront qu’on paye pour un pack, donc en fait, ce n’est pas parce qu’il y a une équipe de plus qu’on va doubler l’inverse, presque.

Ils se disent que c’est bon, on met ça, et on a encore plus d’équipes, donc c’est bien. Donc ce n’est pas facile de convaincre. C’est le premier problème, donc c’est difficile à financer, quel que soit le jeu, en fait. C’est vrai qu’on parle de LoL et tout, parce que c’est l’exemple phare, Tier 1, etc. Mais, et c’est vrai pour tous les autres jeux, parce que, si tu prends, par exemple, les jeux de combat, ce n’est pas très cher, le salaire des joueurs et l’implication, mais tu dois quand même souvent payer quelqu'un qui travaille avec eux, que ce soit un coach, un partenaire ou autre, et surtout, ils font beaucoup de déplacements. Une année, s’ils vont au Japon une fois, aux États-Unis une fois, à Riyad en fait, ça va te coûter très rapidement l’équivalent du double ou du triple.

Donc c’est le premier problème, le problème financier. Et le deuxième est le temps que ça prend. En gros, moi, à l’inverse de Kameto, par exemple, et un peu comme Gotaga, Mandatory est un projet parmi d’autres. Ce n’est pas mon projet principal. Je suis dévoué à l’équipe, bien sûr, mais je ne peux pas consacrer mon temps à une équipe tous les jours, parce que j’ai aussi mon travail quotidien, mes autres activités, mes propres streams, etc. Donc si tu te lances dans une équipe, il faut qu’elle ait un manager, et ce manager doit vraiment être dédié à ça, et en gros, il doit passer tout son temps à ça.

Et s’il faut encore avoir des équipes qui vont faire de la compétition, il faut aussi avoir des recruteurs, des gens qui vont s’occuper des joueurs, des gens qui vont s’occuper des déplacements, des personnes qui vont s’occuper des demandes, des mails, etc. C’est beaucoup de boulot, et il y a un moment où je me dis qu’il vaut mieux rester concentré sur un projet qu’on connaît bien, et se dire qu’à terme, c’est toujours difficile de dire, comme on a vu pour les tournois Trackmania, on ne va jamais dire qu’on n’est jamais en train de réfléchir à quelque chose. En fait, comme on dit, on ne ferme jamais la porte à rien, et peut-être qu’un jour on aura l’occasion, en effet, de dire : maintenant, nous avons les finances, nous avons la volonté, et nous avons les moyens de nous lancer dans un nouveau projet. Donc on verra bien. Mais pour l’instant, il y a trop de contraintes, et ce n’est pas quelque chose sur lequel on se focalise. 

Puisque j'ai le souhait de ne pas détacher le club de mon image, mais en tout cas de pouvoir l'ouvrir au plus grand nombre possible. C'est aussi pour cela que nous avons pris les ambassadeurs de World of Warcraft avec Lapi et Kusa, et que, de temps en temps, ils commentent des matchs que je ne commente pas, cela est déjà arrivé.

Si nous avions une équipe sur un autre jeu, nous devrions trouver un ambassadeur ou une ambassadrice de ce jeu, qui pourrait commenter les matchs si je ne suis pas là, porter le projet. Donc c'est un double problème : financier, et aussi trouver quelqu'un. Mais pour trouver quelqu'un, cette personne doit être impliquée, elle doit avoir le tag, c'est obligatoire, il faut la rémunérer, parce que c'est un ambassadeur, donc cela multiplie les coûts.

Donc oui, ce n'est pas facile. Je ne peux pas prendre une autre équipe avec un volume de commentaires comme Valorant demain, ce serait un peu trop pour moi. 

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Interview de Zerator et Maystine après leur victoire contre Echo au MDI

Avoir des ambassadeurs, c'est la solution pour se démultiplier ?

Zerator : Mais il faut être honnête, pour l'instant, typiquement dans World of Warcraft, Kusa et Lapi commentent que les matchs. Le côté mercato, la gestion de l'équipe au quotidien, ce sont des personnes dont le travail est à temps plein. On ne peut pas être streamer et manager d'équipe. C'est impossible, en fait. Certains ont essayé, ils se sont cassé les dents, et ils reviennent immédiatement au fait qu'il faut quelqu'un à temps plein.

Donc je ne dirais pas qu'on recrute des gens pour travailler sur des projets, mais en tout cas, il faut des gens pour aider et représenter ce projet au-delà de toi-même, parce que je trouve aussi dangereux d'avoir une seule personne représentant un projet, c'est super dangereux. Je me dis que si demain Kamel, Kameto, je ne sais pas, Kcorp, ne pouvait plus streamer pendant 3 mois, que se passerait-il avec la Karmine Corp, s'il avait, je ne sais pas, un vrai problème de santé, et qu'il ne peut pas parler pendant 2 semaines, cela me préoccuperait beaucoup à sa place. Et c'est aussi pour cela que je ne me consacre pas à 100 % à Mandatory d'une certaine manière, parce que je pense que si tu te dévoues à 100 % à quelque chose et que tu es l'irremplaçable pour que ça marche, que se passe-t-il si à un moment donné tu dois être remplacé, donc c'est compliqué.

Tu parles de Kameto parce que c'est l'exemple qui parle le plus au monde. Mais pour toi, quelle est la structure actuelle qui est la plus proche de ta vision de ce que devrait être un club d'esport ?

Zerator : Franchement, c'est impossible à savoir, mais je pense que Fnatic est un bon exemple. Fnatic est un bon exemple parce qu'ils ont commencé avec des joueurs stars, etc. On ne peut pas le nier. Mais aujourd'hui, quand on dit Fnatic, et que tu demandes, qui représente Fnatic pour toi ? Selon ce que les gens regardent comme jeu, ils ont une réponse différente. Il n'y a donc pas une seule personne qui représente Fnatic. Cela va être un Boaster pour certains, parce qu'ils ne regardent que Valorant. La réponse sera différente sur LoL, la réponse sera différente sur d'autres jeux qu'ils ont, etc.

Et je pense que c'est vraiment bien, aujourd'hui, ce sont les joueurs qui représentent la structure et qui la portent en termes de, un peu comme un club de football, en fait. Dans un club de football, aujourd'hui, on dit Real Madrid, pour toi, c'est Kylian Mbappé, etc. Mais personne ne dira que c'est le commentateur de cette chaîne, il y a parfois l'entraîneur, bien sûr.

Mais ce sont des personnes qui peuvent tourner, et en fait, au final, c'est le club qui est prestigieux et qui représente le mieux son identité. Et ce mandat est un peu une mauvaise idée, et G2 a réussi à le faire. Bien sûr, il y avait Ocelote, qui était très présent pendant un moment, mais quand il a été évincé du club, le club a continué à vivre, etc.

Après, l'inconvénient, c'est que ce sont des clubs qui travaillent un peu moins sur le côté streaming. En fait, ils font moins de vues. C'est-à-dire qu'on ne peut pas avoir le beurre et l'argent du beurre. On ne peut pas avoir quelqu'un comme Kameto, qui représente le club à mort, et aussi dire en fait, le club, ce n'est pas que lui, tout le monde peut faire des vtubes, etc.

Et puis on peut dire que les gens préfèrent largement une personnalité plutôt qu'une entreprise, en termes de représentation. Et en fait, il faut faire un choix pour l'instant, c'est difficile d'avoir les deux.

Il n'y a pas vraiment d'exemples de clubs qui font beaucoup de spectateurs et qui ne sont pas personnifiés. Oui. Koi, avec Ibai, et KCorp, avec Kameto. Et c'est vrai qu'on se demande, si ces deux personnes arrêtent de commenter leurs matchs, le club survivrait-il avec autant de hype ? On en est sûr que non, c'est impossible. En tout cas aujourd'hui, actuellement.

En parlant de Fnatic, tu les cites un peu comme un début, disons, de ce que pourrait être ton club d'esport modèle. Les équipes échangent encore entre les deux, et as-tu eu un impact, as-tu senti que quelque chose avait changé depuis que vous avez collaboré ensemble ?

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Zerator : Évidemment, nous sommes dans une période où Fnatic est en pleine compétition et Mandatory est en plein réaménagement, donc non, nous n'avons pas beaucoup parlé ces deux dernières semaines. Mais ce partenariat a été vraiment cool, d'abord parce que les joueurs y sont allés. Ils ont rencontré tout le monde et ont fait un bootcamp d'une semaine, donc je pense qu'ils ont vu ce que c'était d'être dans la cour des grands, cela les a aidés à se projeter, à avoir aussi l'envie de se dire, ouais, ces gens vivent comme ça et tout.

Je pense que notre staff technique a beaucoup appris, notre staff dirigeant a beaucoup appris parce que nous avons un peu vu comment ils géraient leurs affaires. Mais les budgets ne sont pas les mêmes, tout n'est pas comparable bien sûr. Donc tout n'est pas nécessairement à comparer en direct. Mais en tout cas, c'était super intéressant à tous les niveaux.

Et même au niveau, je ne sais pas, de la gestion de la communauté, nous avions des CM qui discutaient entre eux en se demandant comment vous faites. C'est drôle parce que nous avons ce qu'ils n'ont pas, c'est la personnalisation de l'équipe, avec mon stream, ils n'ont pas ça. Ils étaient vraiment curieux de la chose, vraiment intéressés, ils se disaient, ouais, mais en fait, vous faites des choses comme ça auxquelles nous n'aurions jamais pensé. J'avais un peu peur quand nous avons signé ce partenariat que ce soit très Win/lose, c'est-à-dire que nous gagnons beaucoup, et eux pas beaucoup.

Et en fait, ils étaient super demandeurs de ce que nous pouvions leur apporter. Franchement, cela s'est vu à tous les niveaux, dans le jeu, en dehors du jeu, que ce soit du point de vue purement business ou sponsoring, mais aussi au niveau du jeu, à l'intérieur, pour le staff technique, les joueurs, et après tout le côté préparation, tout ce qui est à côté, que ce soit IRL ou pas, d'ailleurs. Cela a été le cas pour les deux côtés. Tout le monde a trouvé un intérêt aussi par rapport à l'autre, donc c'est super !

Pour revenir un peu à l'Ascension, donc, c'est le 26 octobre à Marseille, que la finale aura lieu au Palais des Sports. Quand est-ce qu'on peut attendre un événement hors-france ?

Zerator : Les événements en dehors de la France, quelle bonne question. Le problème, c'est que j'aimerais bien, et ce serait un plaisir, le seul problème, c'est qu'il faut pouvoir remplir ces événements. En fait, il est déjà difficile de remplir un événement en France, et en dehors de Paris.

Déjà faire cela en dehors de Paris est déjà un défi. La preuve ? La preuve est que c'est presque uniquement nous qui le faisons. En fait, il y a presque aucun influenceur qui fait des événements en dehors de Paris. La seule chose qui a un peu excité, ce sont les LFL Days. Donc c'est  League of Legends là, qui a organisé, mais bon, tu as toutes les équipes.

La salle, je pense que c'est 2000 places, ce n'est pas énorme. Et tu as tous les plus grands streamers LoL qui sont impliqués. Et en plus, il y a un accord avec la ville, au cas où ils ne remplissent pas, ils se rabattent financièrement.

Notre dernière Ascension, ce n'était pas complet, c'était à 90 % plein, donc nous considérons que c'était complet, mais en fait, il restait quelques places si tu voulais venir le jour J. Et c'était 6000 personnes à Montpellier pour un Zenith, donc c'est déjà colossal, pour un jeu comme Trackmania, qui est un jeu mort, qui ne vit pas médiatiquement.

Qui ne vit pas médiatiquement, en tout cas, parce qu'il y a une scène esports, il y a des streams, etc. Mais ce n'est pas un jeu médiatiquement fort. C'est déjà difficile à faire en dehors de Paris, donc en dehors de la France, je ne me sens pas vraiment. Si tous les shows que nous avons faits en dehors de Paris étaient des réservations fermées, qui se remplissaient en 5 minutes, en fait, nous pourrions dire que nous sommes tellement demandés que nous pourrions aller ailleurs.

Mais ce que nous faisons, c'est que lorsque nous avons fait, par exemple, le Zenith de Lille l'année dernière pour l'Ascension, nous avons eu des Belges qui ont dit qu'une fois, ce n'est pas loin de chez nous, donc nous sommes venus, etc. Donc c'est ce que nous essayons de faire maintenant, essayer de viser un peu les zones frontalières. Ici, Marseille, c'est un peu plus proche de certains expatriés qui pourraient vivre en Italie.

Quand tu vas à l'étranger, ça déséquilibre les coûts parce que nous, amener tout notre équipement de production là-bas implique beaucoup de voyages, il faut louer tout le monde, c'est dans des pays que nous ne connaissons pas, il y a des autorisations que nous ne connaissons pas et des contacts que nous n'avons pas.

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Parlons Prize pool. Maintenant que les abonnements ne comptent plus depuis le 1er juillet, tu as instauré un lien pour faire des donations. Ce lien marche-t-il ? Combien de donations ont été effectués à travers ce dernier ?

Zerator : J'avoue que je n'ai pas regardé le chiffre. Je pensais faire les petites statistiques une semaine avant le show, normalement, plus ou moins. Mais nous savions de toute façon que cela générerait beaucoup moins que les abonnements.  Nous sommes à 6 % du cash prize, ce qui est financé par des dons directs. C'est impressionnant, proportionnellement, ce que nous faisons.

En tout cas, ce n'est pas rien, c'est sûr. Sur un cash prize qui est un peu plus de 55 000 euros pour l'instant. Après, ce n'est pas un game changer non plus. Nous aurions pu ne pas le faire. Mais nous avons trouvé des moyens techniques de le faire assez simplement, donc c'était plus la chose. C'était plus à dire que ça ne nous coûte pas beaucoup, nous avons la capacité de le faire. C'était avant tout un besoin de la communauté qui me l'a demandé.

De plus, je n'ai pas beaucoup parlé de l'Ascension, mais après le Zevent, je parlerai à nouveau de l'Ascension. Il y aura les qualifications, d'ailleurs, à la fin du mois d'août. Nous avons presque, presque 1000 inscriptions, en termes de joueurs. Ca va relancer un peu la machine.

Encore merci à Zerator d'avoir accepté cette ITW et à la team ZQSD de l'avoir organisé et rendu possible. Retrouvez toutes les infos sur l'Ascension et le Zevent sur Breakflip ! Toutes les images, tweets et vidéos proviennent du compte Ascension, de Zerator ou de la chaîne Mandatory.