Valorant : Interview de Fnatic Youenn : « On va essayer de faire encore mieux l'année prochaine », discussion au sein des Champions 2023

Lors des Champions de Valorant 2023, se déroulant à Los Angeles, nous avons eu la chance de discuter avec Youeen Rocaboy, le Coach Performance de Fnatic.

Les Champions de Valorant 2023, se sont déroulés pendant plusieurs semaines à Los Angeles. Ce tournoi a été l'occasion de sacré un champion du monde et pour cette année, Evil Geniuses a récolté les honneurs. Cette compétition a été l'occasion pour Breakflip de se déplacer à Los Angeles.

Sur place, nous avons rencontré Youenn Rocaboy, le Coach Performance de Fnatic. Lors de cette interview, nous avons fait un rétrospective sur la saison et Youenn nous a présenté son travail, son équipe et les différents risques concernant la santé mentale des joueurs. Si vous voulez en savoir plus sur l'équipe Fnatic Valorant ou les sujets de santé des joueurs, cette interview est faite pour vous !

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L'interview complète de Youenn Rocaboy, Coach Performance de Fnatic Valorant, pour les Champions 2023

Pour vous remettre dans le contexte de cette interview, nous sommes juste avant le départ des phases finales des Champions. Fnatic est encore en lice et doit jouer le jour même LOUD, des adversaires redoutables contre qui l'équipe a déjà perdu en Winner Bracket.

Le matin du match, nous avons pu rencontrer un membre du staff toujours derrière l'équipe, Youenn. En tant que coach performance, il encadre les joueurs pour les aider dans tous les aspects de la vie ayant un impact sur leur performance en jeu qui ne sont pas lié au jeu, comme par exemple la communication dans l'équipe, la gestion du sommeil ou de l'effort, la gestion du stress, etc. Nous vous proposons un enregistrement complet de l'interview si vous préférez écouter ! Cette vidéo est bien juste un enregistrement audio.

Nous allons donc vous présenter l'interview complète, cependant, si vous voulez vous diriger directement vers une partie qui vous intéresse plus que les autres, cliquez sur les titres ci-dessous :

Bonjour Youenn, est-ce que, pour commencer, tu peux nous présenter ce que tu fais chez Fnatic ? 

Youenn Rocaboy : « Oui, je suis Coach de la performance, donc je travaille sur tous les aspects mentaux de la performance chez les joueurs, tout les aspects de la performance pas directement lié aux connaissances en jeu. On fait en sorte que tout le monde soit dans les meilleures conditions possibles lorsqu'ils doivent être en jeu. »

« La raison pour laquelle on est le plus demandé, en tant que préparateur mental, coach de la performance, c'est quand les équipes ne sont pas fonctionnelles dans la communication. »

Est-ce que tu peux nous présenter rapidement ce que tu as fait avant Fnatic ? 

Youenn Rocaboy « Très rapidement, j'ai commencé en STAPS avec de la préparation physique dans le handball, et je me suis spécialisé en psychologie de la performance en master et c'est comme ça que j'ai commencé à bosser pour l'esport. Et donc quasiment à la fin de ce master là j'ai commencé à travailler pour Na'Vi sur Rainbow 6 Siege, ma première équipe pro, pour étudier l'influence de la préparation mentale sur la récupération et les niveaux de stress des joueurs. Puis ensuite avec G2 R6 et Counter Strike:Global Offensive, là on a bossé sur plus particulièrement sur la charge mentale des joueurs professionnels et quelques mois après je suis arrivé chez Fnatic, maintenant on y est depuis 7 mois. »

Tu es « Français le plus décoré sur Valorant », c'est quand même pas mal !

Youenn Rocaboy : « J'imagine ahah, je me suis jamais trop attribué les trophées parce que forcément c'est les joueurs qui cliquent sur les têtes sur le serveur mais oui forcément on a bossé là dessus ensemble, on aimerait bien en avoir 3 quand même ! »

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Trophée des Masters Tokyo en main après la finale contre Evil Geniuses

Fnatic est souvent décrite comme la « one team region », insinuant que le reste de l'Europe n'est pas au niveau sur Valorant. Qu'en penses-tu ?

Youenn Rocaboy : « C'est difficile, quand on entend les gens dire qu'on est une one team region ça nous fait réfléchir sur le pourquoi du comment. Difficile de dire qu'on est vraiment seul, dans cette région, parce que Liquid nous tape en finale d'EMEA donc c'est difficile de dire qu'on a vraiment tout dominé, on est pas tant en avance que ça sur les autres équipes. On l'a vu sur ce tournoi, y a des équipes de toutes les régions qui se sont qualifiées aux playoffs de manière équivalente, on apprend beaucoup des autres équipes. Potentiellement notre équipe a plus d'expérience à l'internationale donc on va plus loin dans les qualifs et particulièrement cette année mais c'est difficile de dire qu'on est une one team region parce que sans les équipes et les matchs en EMEA on serait pas allé aussi loin à Tokyo ou Los Angeles. »

« [La défaite contre Team Liquid] n'a rien remis en question, ça a consolidé le groupe un peu plus, c'est une étape intéressante dans le parcours. »

Tu nous a parlé du fait que Team Liquid vous a battu en EMEA, est-ce que ça a généré des doutes chez les joueurs ? 

Youenn Rocaboy : « Non, on a très bien réagi, on avait préparé l'éventualité - et on la prépare tous les jours - qu'on peut perdre un match. On était le plus prêt possible par rapport à ça, pour que les joueurs ne se focalisent pas sur le fait qu'on est perdu et plutôt qu'on ai montré des choses et qu'on peut être fier de ce qu'on a montré mais qu'il y a encore du travail à faire pour continuer à gagner et gagner pendant encore plus longtemps. Donc la défaite contre Team Liquid ça a plus été un réveil nécessaire avant d'aller à Tokyo, tout le monde le voit comme ça, j'apprend rien en disant ça, mais on l'a pris dans le bon sens, on avait déjà prévu que ça pouvait arriver, ce qu'on avait à faire si ça devait arriver, les choses sur lesquelles on avait à se concentrer. Ça n'a rien remis en question, ça a consolidé le groupe un peu plus, c'est une étape intéressante dans le parcours. »

Est-ce que c'était une étape nécessaire pour gagner Tokyo ? 

Youenn Rocaboy : « Difficile à dire, si c'est cette étape ou toute la saison, ça a surement aidé pour réveiller tout le monde et aller un peu plus loin et nous rappeler ce que ça fait de perdre. Ça fait toujours très mal au cœur malgré tout, même si on est des compétiteurs et encore plus en finale. Je pense  que c'était un apprentissage important, une partie qui a aidé à gagner à Tokyo. Mais c'était sûrement pas la seule raison. C'était une étape importante. »

« Avec cette équipe-là ça a été assez facile parce que tout le monde s'est mis à la même page, tout le monde a bien identifié qui prend les décisions finales. »

Peux-tu nous présenter chaque joueur de l'équipe et son rôle ? 

Youenn Rocaboy : « Je vais commencer par Jake (Boaster). C'est le leader de l'équipe qui s'est construit avec le temps. J'essaye de les faire courte. Leo, c'est le gars cool, il a une aura très fermée dans l'immédiat, mais il est vraiment impliqué dans la vie de l'équipe et il est important dans la vie de cette équipe. Alfa, c'est un peu le petit frère du groupe, il a des compétences mécaniques incroyables qui font qu'on a tendance à oublier qu'il n'a que 18 ans et qu'il est encore en train d'apprendre énormément de choses, que son cerveau est encore en train de grandir. On est tous proches d'Alfa, on veut le faire grandir et qu'il aille plus loin. Chronicle... c'est un peu marrant, Jake en a déjà parlé mais on a fait un jeu où on a donné un surnom à chaque personne dans l'équipe, pour définir les valeurs, les compétences et les personnalités, et Chronicle on lui a donné l'« éponge » comme surnom. Chronicle c'est le nerd originel. Quand il s'intéresse à un sujet il s'y intéresse à fond, Valorant c'est le cas il s'y intéresse à fond, c'est un peu l'éponge. Derke c'est un peu la consistance, il est là depuis longtemps dans l'équipe, on sait qu'on peut compter sur lui peu importe ce qu'il se passe, malgré tout il est humain et c'est super important. Il est capable de pleins de choses mais il a besoin de ses équipiers. Il a une humanité qui est vraiment importante dans l'équipe. Kamyk, le 6ème joueur, c'est le gros grinder. Tous les événements où il est venu avec nous il a continué de grinder le radiant. Il est très impliqué, mais si il joue pas les matchs directement il continue à travailler c'est super important. Mini, c'est le parfait coach-joueur, si je peux le dire comme ça. Il a cette connaissance de son équipe, de ses joueurs, ce qu'ils aiment faire, ce qu'ils aiment pas faire, comment ils se sentent sur le serveur, ce qu'ils veulent vouloir faire comme strat quand il construit ses anti-strat et son analyse du jeu, il a vraiment une grosse sensibilité sur son équipe c'est pour ça que je dis qu'il est coach-joueur, il est presque intégré en tant que joueur dans le groupe, il a un contexte complet, quand il fait son travail de coach, il comprend vraiment ce qu'il a besoin de viser. C'est super précieux d'avoir quelqu'un qui est décisionnaire et qui comprend pourquoi il prend ses décisions. »

« On va essayer de rester ensemble pour l'année prochaine et faire mieux, même si ça va être difficile ! »

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L'équipe Fnatic au complet avant leur match contre FUT Esport aux Champions

Fnatic est une super team, et ces dernières sont souvent connues pour leurs problèmes de communication. Est-ce que c'est le cas pour vous ?

Youenn Rocaboy : « Franchement pas avec cette équipe, j'ai pu travailler avec des super teams, le principal problème qu'on rencontre avec les super teams c'est que chaque joueur est tellement spécialisé et a eu tellement de responsabilités dans les équipes qu'il a eu auparavant qu'il va avoir une voix très présente dans le jeu et dans l'équipe, et donc tout le monde va avoir des convictions assez développé et donc a le potentiel pour être un leader ingame, pour dire "faut faire ça ou ça". Avec cette équipe-là ça a été assez facile parce que tout le monde s'est mis à la même page, tout le monde a bien identifié qui prend les décisions finales. Ça laisse l'espace à chacun de travailler son axe de développement personnel et de donner ses idées en amont mais au final on a une conviction d'équipe, une valeur et un objectif à atteindre en équipe, et c'est ce qui forme le groupe et donc ça fait que ce groupe, au delà du fait que chaque joueur peut diriger l'équipe seul, peut s'être mis au diapason et avancer de manière fluide pendant la saison donc ça a vraiment pas posé de problèmes. »

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Team Liquid, une autre équipe de pointures qui a eu beaucoup de mal à l'internationnal cette saison

Qu'est ce que ça aurait signifié de faire le grand chelem ? 

Youenn Rocaboy : « C'est une bonne question... Dans la manière dont nous on en parle, on ne s'est pas concentré sur le fait de porter le trophée, ou d'achever la Fnatic Dynastie. On cherche pas à créer une dynastie avec les joueurs. Dans tout le processus derrière, on se focalise pas sur le fait de gagner une finale ou une coupe, mais beaucoup plus sur ce qu'on a en notre contrôle, les forces sur lesquelles on doit se reposer en match. On parle pas trop de ce que ça nous ferait de gagner un trophée en plus, on peut le faire, on a suffisamment de ressources, on a fait une run sans erreur au LOCK//IN mais en fait toutes les équipes contre qui on va jouer peuvent faire des erreurs. »

Et le cœur n'est pas trop alourdit par le poids des attentes ? 

Youenn Rocaboy : « Nan en fait, justement, toute cette concentration sur le processus plutôt que sur la victoire ça nous décroche de ce côté où on a quelque chose à réaliser, on a déjà réalisé plein de choses et les joueurs en sont conscients. On fait en sorte qu'il y ait de la gratitude dans ce qu'on fait, dans le fait qu'on soit à LA, dans le top 4 des finales mondiale, de gagner 2 trophées pendant l'année, le sans faute des EMEA.. On est très fier par rapport à ce qu'on fait. Les résultats ont été faits et on a beaucoup appris. »

« Quoi qu'il arrive il y a aura des personnes qui vont être en contradiction par rapport à ce qu'on veut proposer, mais tant que les personnes proches sont d'accord avec nos principes, on avance dans le bon sens et à la bonne vitesse. »

En parlant d'apprentissage, qu'est ce que chaque joueur à appris ? 

Youenn Rocaboy : « Complexe cette question ! Alfa a appris à rester sérieux, quelles que soient les conséquences, le contexte. Léo à appris à s'ouvrir au groupe, et à être ce membre important dans le fonctionnement de l'effectif. Chronicle à appris l'importance d'un groupe fonctionnel, de personnes proches qui se connaissent bien les uns les autres pour faire tourner une équipe qui gagne. Je me rends compte en le disant maintenant, mais c'est Léo et Chronicle qui nous ont rejoint le groupe qui ont vraiment progressé là dessus, je suis fier d'eux il faudrait que je leur dise ! Derke, il a pas appris quelque chose, il a renforcé sa gestion de la pression du résultat. Kamyk, il a appris à vivre la vie d'un joueur professionnel, ce qui est très précieux et il aura un super avenir. Jake (boaster) a appris qu'on peut atteindre ses objectifs en se donnant les moyens. Mini il a appris à se décrocher du jugement externe des personnes, en dehors du staff. Il a compris que quoi qu'il arrive il y a aura des personnes qui vont être en contradiction par rapport à ce qu'on veut proposer, mais que tant que les personnages proches sont d'accord avec nos principes, on avance dans le bon sens et à la bonne vitesse. »

« Quand on se focalise que sur un seul truc dans sa vie, si ce truc là ne fonctionne pas on a l'impression que plus rien ne fonctionne. Le plus gros risque actuellement c'est les joueurs qui n'ont pas un bon équilibre entre la vie familiale, la vie professionnelle et leur vie personnelle. »

En parlant un peu plus de santé mentale, qu'est ce que tu dirais est le plus gros risque pour la santé des joueurs pros aujourd'hui ? 

Youenn Rocaboy « Le déséquilibre professionnel je dirais. On appelle ça avoir une relation passionnelle avec le travail. On a trouvé beaucoup de raisons pour lesquelles les joueurs arrêtaient leurs carrières : les blessures physiques, le manque de ressource des structures... mais il y a quand même une grosse part qui est lié au syndrome dépressif, au burnout, à l'épuisement. Et sur cet aspect là, on se rend compte en faisant un petit tour des recherches et du monde pro que, que ce soit dans le sport de haut niveau, dans le travail, dans l'esport, quand on se focalise qui sur un seul truc dans sa vie, si ce truc là ne fonctionne pas on a l'impression que plus rien ne fonctionne. Le plus gros risque actuellement c'est les joueurs qui n'ont pas un bon équilibre entre la vie familiale, la vie professionnelle, et leur vie personnelle, c'est un truc d'autant plus important actuellement, sur lesquels on fait des recherches avec Fnatic, des recherches que j'aimerai continuer jusqu'en 2026, on essaye de comprendre comment, en structurant les activités professionnelles des joueurs, on peut remplir les besoins psychologiques de joueurs, que ce soit avec leur développement dans leur travail mais aussi leurs études, leurs projets personnels, le temps qu'ils vont passer avec leurs amis et leurs familles, on peut avoir un équilibre un peu plus sain et avoir des joueurs qui auront une carrière plus longue et plus agréable, plus complète

Les carrières s'arrêtent aussi car à un moment, tu n'es pas à la maison pendant 6 mois, tu peux pas avoir une régularité avec ce que tu veux développer en dehors du travail, et donc avec ta famille, sur tes besoins personnels, c'est un drôle de hasard que les arrêts arrivent à ces âges là 27, 28, 29, 30, au delà de 25, quand on est dans sa vie personnelle où on a envie d'avoir plus de stabilité familiale, dans notre environnement culturel en tout cas. »

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De gauche à droite, les têtes pensantes de Valorant : Léo Faria, Directeur de l'esport Valorant, Anna Dolon, Vice-présidente et Productrice de Valorant et John Needham, Président de l'esport

Que pourrait faire Riot pour améliorer ça ? 

Youenn Rocaboy : « Au-delà de changer les systèmes de tournoi, il faudra avoir plus de prérequis au niveau des organisations. Pas forcément d'avoir des coachs de la performance mais au moins d'avoir des professionnels de la santé qui encadrent les organisations. Je pars un peu en impro parce que l'idée est intéressante mais ça pourrait être que Riot puisse fournir des professionnels de la santé physique et psychologique, mais ça pourrait aussi être de demander aux équipes de s'entourer de professionnels. On a déjà deux bases intéressantes. Au delà de ça, quand on a des tournois régionaux, on ramène pleins de joueurs dans la même ville et ça pourrait être très intéressant de créer du lien entre les joueurs qui sont dans cette situation qui est différente de leur milieu de vie habituelle, pour qu'ils puissent créer du lien entre eux et qu'il y ait une vraie connexion entre les joueurs pro, qui sont dans cette même situation même si sur le serveur on est tous les uns contre les autres et on essaye d'être la meilleure équipe du championnat. En dehors on reste des humains, on a la même passion, organiser des events, des tournois, des meet up avec les joueurs ou même les aider à plus trouver leur stabilité dans la ville. »

Chronicle, le fameux nerd de Valorant, nous a donné un petit tweet sur le format VCT 2024. Il trouve que cette année était très épuisante et que l'année prochaine sera encore pire, est-ce que tu es d'accord, que tes joueurs commencent à fatiguer, y aurait-il un danger sur le long terme ? 

 « J'imagine qu'ils veulent troller les gens avec cet agenda, pas de repos pendant 7 mois DE NOUVEAU. Est-ce qu'on pourrait au moins avoir une explication à pourquoi on n'a pas une saison plus longue durant laquelle les joueurs peuvent vraiment se reposer à la mi-saison, au lieu de jouer sans arrêt en particulier si on se qualifie à tous les évènements ? » Chronicle sur Twitter

Youenn Rocaboy : « Je pense que Riot fait vraiment des efforts pour adapter le contenu à toutes les complications qui se chevauchent. Malgré tout, c'est vraiment qu'on a une saison qui se passe sur un moitiée d'année qui donc apporte un déséquilibre entre le temps de travail et le temps de vie perso, qui est adaptable parce que de notre côté avec les joueurs, avec les équipes, on peut vraiment focaliser le travail sur ces 6 mois, 
et après on peut un peu plus se concentrer sur la vie du joueur, sur les autres mois. Ce qui est vrai par contre, c'est que 6 mois de rush avec des temps de pause qui sont inférieurs ou égaux à deux semaines, entre chaque compétition, ça laisse pas le temps au corps et au cerveau de se régénérer.

Les temps de repos ont été très rares pour cette saison et vont être très rares pour l'année prochaine. Ça va être un challenge pour l'organisation et pour mon rôle en particulier, qui bossons sur ces aspects de récupération physique, mentale et sociale avec les joueurs. Donc voilà, je vois que Riot fait des efforts, c'est toujours pas parfait, ça le sera jamais, mais on ajoute des efforts de notre côté, on fait les efforts autant qu'on peut et on fait en sorte d'être au top et que les joueurs puissent être au top pour toute la saison. »

Quel est le problème le plus récurrent que tu as à affronter dans ton travail ? 

« À ce niveau de performance là, tous les joueurs en Tiers 1 comprennent le jeu, la chose qui va vraiment faire la différence c'est le fonctionnement en équipe, comment l'équipe se coordonne, comment on fait en sorte qu'un joueur de l'équipe soit suffisamment mis en confiance par ses coéquipiers pour prendre des décisions et les assumer. »

Youenn Rocaboy : « Je dirais les rythmes de sommeil... quoi que nous, pas forcément. Les raisons pour lesquelles on est le plus demandé, en tant que préparateur mental, coach de la performance, c'est quand les équipes ne sont pas fonctionnelles dans la communication. Ne sont pas fonctionnelles dans leur manière de fonctionner en tant qu'équipe, les joueurs entre eux n'ont pas un lien qui permet de tenir le coup quand on a un match compliqué ou qui demande d'être résilient. Quand on travaille avec une équipe, on va forcément passer par cette thématique là, soit parce que c'est pour ça qu'on vient soit parce qu'elle vient à un moment ou un autre. Ca m'a amené à beaucoup réfléchir autour du sujet avec des collègues, et on se rend compte qu'à ce niveau de performance là, dans les esport d'équipes, tous les joueurs en Tiers 1 comprennent le jeu, la chose qui va vraiment faire la différence c'est le fonctionnement en équipe, comment l'équipe se coordonne, comment on fait en sorte qu'un joueur de l'équipe soit suffisamment mis en confiance par ses coéquipiers pour prendre des décisions et les assumer. Comment on fait en sorte que lorsqu'un de nos joueurs est tilté il peut le communiquer, parce que ses coéquipiers vont le savoir et vont pouvoir le soutenir ou alors faire en sorte qu'on continue de travailler ensemble peu importe ce qu'il se passe. On se rend compte que c'est le truc qui va faire la différence entre les équipes de T1 et une équipe qui va enchaîner les victoires et qui peut importe si elle gagne ou elle perd va continuer ensemble parce qu'elle sait que sa méthode de travail, autant humainement qu'en tant que professionnellement, fonctionne et qu'on a juste à continuer en adaptant quelques détails et on peut continuer à gagner des tournois.  »

Qu'envisagez-vous pour le futur de l'équipe ?

Youenn Rocaboy : « On va essayer de rester ensemble le plus possible. On verra dans le détail, mais pour l'instant tout le monde a envie de continuer. On va essayer de faire mieux que cette année l'année prochaine !. »