Z LAN : Interview de Hugo Poiblanc, directeur communication chez ZQSD Productions à propos de l'organisation de la LAN, du changement de Rocket League et des choix de production

Il est le directeur communication de ZQSD Production, en charge de l'organisation de la Z LAN. Entretien avec Hugo Poiblanc, sur les difficultés rencontrées avec les sponsors, le cas Rocket League ou encore les choix de production.
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La ZLAN a été annoncée en février, mais une LAN ça ne se prépare pas en trois mois. Depuis quand le projet est-il en préparation ?

C’est un concept que ZeratoR a en tête depuis plusieurs années. Il adore les LANs, il en a fait beaucoup, il participe soit en tant que joueur ou comme animateur, et il a toujours voulu faire sa ZLAN à lui. Vu que l’on travaille ensemble sur la TrackMania Cup, on a commencé à mûrir un projet, et ça a commencé vraiment à se concrétiser il y a quasiment un an à la fin de l’été dernier. On s’est dit « bon cette année on fait la ZLAN », et le projet a commencé à mûrir sur le concept. Il est arrivé avec le concept de plusieurs jeux, nous sommes arrivés avec ce show télévisuel et on s’est retrouvés à concrétiser les choses en fin d’année dernière pour prévoir l’annonce fin février.
 


Pour ceux qui n’en auraient aucune idée, en quoi consiste l’organisation d’une LAN ?


C’est plein de paramètres à prendre en compte. Ca va passer par la base de la base : les joueurs. Dans l’organisation d’une LAN, le premier focus à avoir c’est les joueurs. Donc ça va être la connexion, l’électricité, les choses basiques qui vont faire en sorte que X joueurs vont pouvoir se réunir à un instant T et faire en sorte qu’ils puissent jouer. On a voulu aller un peu plus loin en jouant aussi sur la notion de confort, pour que les joueurs aient tout de suite l’impression que ce n’est pas une LAN comme les autres, ce qui est vraiment notre objectif principal. On a augmenté le confort, notamment avec une zone joueur qui serait décorée, des chaises gamins pour les joueurs, des petits packages de cadeaux. Ce qui a fait que dès leur arrivée, les joueurs se sont dit que ça allait être différent.

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Hugo Poiblanc, directeur communication chez ZQSD Productions (Photo @Senedraa)

Donc ça c’est vraiment le principal focus à avoir. Suite à celà, on est sur une LAN vraiment pensée pour le show, c’était notre objectif. Quand on fait une Gamers Assembly, une Lyon e-Sport, une DreamHack ou tout autre LAN, c’est des rangées de tables alignées. On avait l’envie d’aller un peu plus loin. On a fait le choix cette année de ne pas avoir de public, ce qui nous a permis de réduire la taille de la salle et les contraintes logistiques. Donc en partant sans public, le deuxième focus qu’on a eu c’était l’ambiance générale. La décoration et ce que ça allait donner en terme de production, pour que des gens qui sont chez eux puissent se dire qu’ils allaient suivre une LAN avec 200 joueurs en duo sur 10 jeux et que ça soit compréhensible avec un déroulé logique.

Après, on a travaillé sur tout ce qu’il y a autour : la communication, les teasings, les invités et toutes ces choses pour donner envie aux gens de suivre.

La fameuse révolution du gaming.


Exactement, avec une grande phase de teasing. Et ensuite on a mis en place tout une équipe communication qui va faire tout un suivi vidéo, du livetweet pour que tous ceux qui ne peuvent pas venir, parce qu’il n’y a pas de public cette année, puissent suivre l’événement au mieux.

On sent que le show a vraiment été travaillé pour donner une impression d’émission TV. Est-ce dans une volonté de se rapprocher de la production de la TV, ou pour espérer aboutir sur une diffusion TV un jour ?

C’est une volonté de se rapprocher d’un show TV parce que la TV sait faire des choses depuis plusieurs dizaines d’années. Et on s’en est beaucoup inspiré, mais on a pas l’ambition de le faire passer à la TV. Le média que l’on préfère c’est celui d’internet, c’est l’univers du stream, et c’est là-dessus que tout le monde a l’habitude d’aller. Heureusement, on a les outils de diffusion pour ça. On s’est beaucoup rapproché de la télé et de certains shows qu’on a pu voir, plus esport ou plus entertainement avec une décoration un peu unique, pour avoir quelque chose qui soit vraiment télévisuel et qui montre aux gens qu’il y a une vraie qualité de prod. Donc ça passe par les assets animés, où l’inspiration va être le sport, les Jeux Olympiques, avec les classements en temps réel qui s’affichent.

La décoration de la salle, on s’est beaucoup inspiré de la télévision et de ce qu’ils sont capables de faire pour des émissions de type talk show ou jeu avec X joueurs qui participent. Après on a eu pas mal d’inspiration du côté de scènes comme celle qu’ont pu faire PUBG ou Fortnite, qui créent des ambiances autour de leur jeu qui sont cohérentes avec leurs identités. Donc on a travaillé un concept qui mélangeait tous ces aspects là et qui est une fusion entre un déroulé et tous les assets graphiques qui vont permettre d’y contribuer, plus un décor et une ambiance. Avec un plateau TV pour ZeratoR, pour qu’il puisse accueillir ses invités, faire jouer les joueurs et que les joueurs soient dans l’ambiance. Ca a beaucoup participé à l’esprit de fraternité entre eux, puisqu’ils sont dans un décor dans lequel ils se sentent bien d’entrée.

A titre personnel, quel était ton rôle dans tout ça ?

J’étais très axé sur le marketing et la communication de l’événement. J’étais notamment en charge de la recherche et de la relation avec les partenaires jusqu’à la mise en place opérationnelle. J’ai aussi encadré l’équipe de communication, composée de photographes, community managers sur le compte ZLAN ou celui de ZeratoR. Ca a permis de faire en sorte que sur les réseaux sociaux, l’événement puisse prendre la sauce et qu’il y ait des interactions. On a beaucoup travaillé avec les partenaires présents sur place pour faire du livetweet plus axé sur leur marque, pour que ça crée des échanges entre les différents comptes. C’était principalement ça mon rôle. J’ai laissé mes collègues faire toute la production, et j’ai fait en sorte que tout soit bien visible.

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Lion était l'une des rares marques à sponsoriser la première édition de la Z LAN (Photo @Senedraa)

Qui est le plus compliqué à gérer : un streamer ou un joueur amateur ?

Honnêtement, on a été très agréablement surpris du respect des consignes de la part de tous les joueurs. Que ce soit au niveau des inscriptions, puisqu’on a d’abord inscrit 40 duos de streamers en fonction de leur nombre de vues. C’était la phase de pré-inscription. Ensuite, il nous restait environ 60 de duos à inscrire et on a fonctionné une inscription libre et un tirage au sort. Quand on l’a fait, il n’y a que 5 qui se sont désistés et on est allé chercher dans la file d’attente. Ils ont répondu immédiatement. Rien que ça prouvait l’implication des joueurs et des streamers, puisqu’on a quasiment pas eu d’annulation.

Ensuite, on s’est rendus compte qu’ils étaient tous assez assidus. Ils avaient dans leur majorité, bien sur il y a toujours des exceptions, tous les jeux sur leurs ordinateurs, ils savaient comment les lancer. En cas de bug, ils étaient très réactifs. Donc pas forcément de différence à gérer entre les deux. Les streamers ont respecté leurs consignes spécifiques, les joueurs de même. Vraiment surpris parce que sur d’autres événements on n’a jamais eu cette cohésion totale. Ca s’est ressenti quand le vendredi soir lors de l’installation des joueurs, quand on a demandé à tout le monde de ne pas dévoiler la salle pour que l’on puisse faire un effet waouh lors du lancement. Ca a été extrêmement bien respecté, quand les joueurs sont arrivés dans la salle ils ont très vite compris pourquoi et notre démarche, et ça a été plus facile pour que tout le monde rentre dans cette ambiance.

Parmi les problèmes rencontrés lors de l’organisation, il y a eu le changement de Rocket League après le refus de l’éditeur. Mais vu le succès de son remplaçant Disc Jam, est-ce que ça n’a pas été un mal pour un bien ?
 

Avant d’annoncer la ZLAN, c’était la chose à valider : tous les jeux. L’annonce s’est faite, et on était encore en attente de quelques réponses, notamment celle de Psyonix pour Rocket League, qui fait maintenant partie d’Epic Games. Quand ils nous on dit qu’il y avait un petit soucis de timing, avec cette annonce on a finalement compris pourquoi. Une semaine après l’annonce, on a reçu le refus de Psyonix et qu’ils ne préféraient pas voir le jeu à l’événement. Donc on a réfléchi à quel jeu on pourrait choisir pour le remplacer, ce qui serait bien en terme de duo et pour les viewers à regarder, puisque c’est quand même le but de la ZLAN.

On avait aussi cette envie de mettre plusieurs types de jeu, il y a 2 BR, des party games, des jeux de stratégie comme StarCraft, un jeu de course avec TrackMania. Rocket League était un peu notre jeu facile à la jouer à la manette, mais difficile à maîtriser et qui a un côté spectaculaire avec des belles actions. Et Disc Jam est un jeu qui a été pensé sur ce modèle, pour avoir cette même façon de voir. ZeratoR y avait joué il y a deux ans, et s’est dit que ça pouvait être une bonne idée.

On a eu la grande surprise que l’éditeur nous suive à fond. Ils ont offert une clé à tous les participants, certains avaient acheté Rocket League pour qu’on ne le joue finalement pas, donc ça nous gênait de leur faire redépenser 20€. Ils ont joué le jeu là-dessus, puis ils ont vu les retours et ont tellement adoré qu’ils ont mis en place un disque personnalisé, ils ont fait des promotions sur le week-end. Donc c’est toujours dommage qu’un éditeur refuse qu’on utilise leur jeu, mais c’est tout à fait compréhensible. Ils ont leur propre agenda, leur propre compétition, et on ne les blâme pas du tout. Et finalement, le fait d’avoir Disc Jam n’a pas été un problème, au contraire.

On sent dans la communication de ZeratoR que la ZLAN est un format qu’il aimerait décliner avec les années. La suite est déjà actée ou cette édition était un test et vous aviserez par la suite ?

Jusqu’à ce que la ZLAN se passe, rien n’était décidé. On a un concept qu’on a voulu tester. Ca représente quand même un investissement, mais vu les retours on peut facilement dire qu’on veut reproduire le modèle. Peut-être pas exactement la même chose, adapter les formats ou la façon dont les classements sont générés pour que ça soit plus facile de suivre certains jeux. On sait qu’il y a des petites améliorations à faire, mais c’est normal c’est une première édition.

C’est comme un pilote pour une série. On fait un premier épisode, on voit comment les personnes réagissent, et si la sauce prend généralement on continue les investissements. C’est le modèle qu’on a eu avec la TrackMania Cup, où on est allé voir ZeratoR en lui disant qu’on pouvait faire un show de ce concept. Donc on a tenté, on a commencé avec une petite salle à Paris, qui s’est révélée être une grande salle parce que la communauté à suivi, et maintenant la ZrT TM Cup elle remplit des Zéniths. Maintenant, on est dans une logique de tests, les retours sont plutôt bons.

Il y a eu énormément de viewers, en terme de qualité de production les gens sont très réceptifs, que ce soit les joueurs ou les viewers ils ont tous adoré. Donc oui, on peut dire qu’il y aura une prochaine édition. Est-ce qu’elle sera exactement identique ? Ce n’est pas acté, il y aura des petits ajustements, mais le concept est validé et il y aura très certainement une suite.