Le problème de l'obtention d'un visa pour les joueurs Esports
La mondialisation et la professionnalisation de l’Esport sont deux phénomènes découlant du succès de la scène du sport électronique depuis de nombreuses années. Or, le manque de régulation du statut des joueurs provoque parfois des situations complexes, lorsque des professionnels doivent voyager à travers le monde afin de participer à des compétitions. En effet, si durant un temps les joueurs profitaient du manque de visibilité des tournois pour contourner les règles, ces derniers doivent désormais déclarer leurs activités, ce qui implique généralement l’obtention d’un visa de travail.
Si en 2013, Riot Games a réussi à obtenir un visa américain P-1 (prévu spécialement pour les athlètes) pour certains joueurs étrangers participant à ses compétitions aux Etats-Unis, l’entreprise a également connu plusieurs revers au fil des années. Alors que de plus en plus de pays reconnaissent l’importance de l’Esport, et développent des procédures accélérées pour les joueurs, de nombreux problèmes de visa ont eu lieu en 2017, preuve que la situation est encore loin d’être réglée.
Bien que rodé au jeu des visas, Riot Games n'a pu empêcher le remplacement de 4 joueurs pour le All Star 2017 (Crédits LoL Esports)
A noter que désormais, cette problématique touche principalement des joueurs asiatiques ou russes, cherchant à évoluer en Europe ou aux Etats-Unis, ce qui a parfois tendance à affaiblir des formations étrangères lors des compétitions. Ces difficultés s’expliquent également par un contexte très particulier entre la Russie et l’Occident, mais aussi pour les Etats-Unis qui ont eu tendance à ralentir les procédures cette année.
Un problème qui n’épargne personne
En ce qui concerne les jeux, les principaux titres n’échappent pas aux problèmes car des organisations évoluant sur League of Legends, Dota 2, CSGO et Overwatch ont eu recours à des remplacements de dernière minute suite à des problèmes de visa en 2017.
La situation de LoL est bien meilleure que lors des années passées (de nombreux joueurs évoluant en LCS lors de la Saison 6 ont dû laisser leur place temporairement afin de régulariser leur statut), toutefois la quasi-intégralité de la formation représentant la GPL lors de l’All Star 2017 a dû être remplacée à la dernière minute, faute de visa.
Du côté de Dota 2, l’évènement de l’année « The International » a été marqué par le brillant parcours de la formation russe Team Empire qui s’est classée dans le top 8. Ce résultat semblait inespéré puisque l’organisation a eu besoin d’un remplaçant de dernière minute suite à un problème de visa pour le joueur russe Chappie.
En ce qui concerne CSGO, le cas de Hansel « BnTeT » Ferdinand continue de poser problème. Qualifié pour l’ELEAGUE Boston en janvier 2018, le brillant joueur indonésien ne pourra participer à la compétition avec son équipe, puisque sa demande de visa a été rejetée. Ce n’est pas la première fois pour lui puisqu’il avait également été remplacé en avril dernier lors de la StarLadder i-League StarSeries Season 3 Finals se déroulant à Kiev.
I will be not attending the eleague major qual because of the visa issues, already do my best to get the visa but still got rejected. gl everyone, especially my teammates tyloo and @bondik_hr so happy for you guys ❤️ This us visa thing will not let me down ??
— Hansel Ferdinand (@BnTeTCSGO) December 13, 2017
Overwatch n’est pas en reste puisque de nombreux joueurs chinois n’ont pas pu participer à la phase finale de l’Overwatch World Cup 2017. Cette situation s’est également reproduite pour quelques membres de Shanghai Dragons ainsi que pour ceux de Philadelphia Fusion qui n’ont pas pu jouer lors de la présaison de l’Overwatch League, bien que leur statut semble désormais régularisé.
Evidemment, les titres dont la scène professionnelle est encore en développement sont également touchés, comme ce fut le cas pour l’équipe Flash Point Esports qui a du renoncer à participer aux Paladins World Championship Series à Atlanta.
Vers une solution durable ?
Si les différents organisateurs veulent mettre un terme à ce problème, ils doivent tout d’abord mieux encadrer les équipes et les aider à obtenir plus rapidement les éléments pour les demandes de visa. Cependant, cette solution ne serait que provisoire et n’évitera pas des complications de dernière minute. L’idéal serait la création d’un organisme Esport international, disposant de moyens suffisamment importants pour pouvoir ancrer la place des joueurs professionnels dans le statut d’athlète, afin de bénéficier des procédures accélérées spécifiques aux sportifs. Cela passera également par la clarification du statut des joueurs au niveau législatif, bien que sur ce point de nombreux pays soient déjà en train de légiférer sur ce sujet.
Alors que la question de l’Esport aux Jeux Olympiques est ouverte, un rapprochement avec le Comité International Olympique pourrait permettre de solutionner le problème du statut juridique des joueurs, et ainsi résoudre la situation liée aux visas.