Tencent, un géant mondial du jeu vidéo
Si Tencent Holdings est souvent évoquée dans le monde du jeu vidéo, peu sont ceux qui connaissent réellement les activités et le parcours du géant chinois de l’internet. Alors que la société vient d’entrer dans le capital d’Ubisoft, nous avons décidé de vous présenter cet acteur majeur de la scène mondiale du jeu vidéo, pour que vous en ayez une meilleure connaissance.
Tencent, bien plus que des jeux
Généralement quand le public parle de Tencent, il pense à Tencent Games, la partie jeu vidéo du groupe chinois. Or, la holding chinoise se compose de très nombreuses divisions, même si la partie jeu vidéo est pour le moment la plus rentable.
Sur le territoire chinois, Tencent est avant tout l’acteur numéro 1 sur les applications mobiles grâce à la messagerie instantanée QQ, forte de 783 millions d’utilisateurs uniques par mois (en fin d’année 2017), ainsi qu’à l’application WeChat qui a atteint la barre symbolique du milliard de comptes à travers le monde et 989 millions d’utilisateurs uniques par mois. WeChat est une app à tout faire en Chine, puisqu’outre un service de messagerie similaire à Whatsapp, le produit de Tencent permet également de payer directement avec son téléphone, mais aussi de commander de la nourriture ou encore de jouer.
Grâce à ces deux applications, le géant chinois a rapidement pu prendre d’assaut les différents contenus présents sur internet afin de les rajouter aux services de ses produits, permettant ainsi de créer un réseau où les utilisateurs n’ont plus besoin de quitter les applications de la marque.
Tencent a alors multiplié les acquisitions, pour d’une part maintenir sa position de leader sur le marché des applications mobiles, tout en diversifiant ses sources de revenus. L’entreprise chinoise est désormais présente dans le cinéma, la musique, le streaming, l’immobilier, le paiement en ligne, les services de Cloud ainsi qu’évidemment le monde du jeu vidéo.
Preuve de son intérêt pour les nouvelles technologies, Tencent a notamment effectué des placements dans Telsa Motors ainsi que dans Snapchat.
Tencent et le jeu vidéo
Grâce à ces nombreux investissements dans le domaine du jeu vidéo, le groupe est parvenu à récupérer différents studios afin de produire ses propres jeux, mais également à prendre des nombreuses participations dans des groupes occidentaux.
Ainsi, Tencent possède entièrement Riot Games et Miniclip, ainsi qu’une participation majoritaire (84%) au sein de Supercell (Clash Royale), 48% du capital d’Epic Games (Fortnite et Unreal Engine), 5% d’Activision Blizzard (Call of Duty, Overwatch). Il détient désormais 5% d’Ubisoft (Assassin’s Creed), ainsi qu’une participation au sein d’Hi-Rez Studios (Smite).
« Pour être honnête, ils ont de très bonnes idées, ils ont apporté de nombreuses solutions pour Smite. Mais on conserve néanmoins le dernier mot quant au développement de nos jeux » a ainsi déclaré à notre micro Stew Chisam, président d'Hi-Rez Studios à propos de la relation avec Tencent Games.
A cette liste il faut ajouter près d’une cinquantaine d’investissements réalisés dans des petits studios à travers le monde, ainsi que des sociétés évoluant dans l’industrie du jeu vidéo (streaming, conseil, marketing).
L'une des deux versions mobiles de PUBG produite par Tencent : Exhilarating Battlefield (Crédits Tencent)
Le résultat est sans appel, Tencent réalise plus de profit que la majorité des grands acteurs occidentaux combinés et ce principalement grâce aux succès de ses jeux mobiles comme : Honor of Kings (Arena of Valor), CrossFire ou encore dernièrement les versions mobiles de PUBG.
Les jeux mobiles représentent désormais l’avenir du groupe puisque ceux-ci ont réalisé une progression de 59% de leurs revenus entre 2016 et 2017 tandis que Tencent a évoqué un essoufflement de la dynamique du côté des jeux PC, bien que League of Legends continue de réaliser d’excellents chiffres.
Un ogre à l’assaut du monde ?
S’il est vrai que le succès de Tencent est impressionnant, l’analyse des joueurs est souvent limitée par les sommes avancées, ou tout simplement par l’origine de celles-ci : la Chine. Si le groupe est l’une des plus grandes capitalisations du monde, d’autres acteurs de taille similaire investissent également à coup de centaines de millions dans le monde du jeu vidéo.
Après avoir transformé les services de commerce en ligne, Amazon est devenu en quelques années l’acteur numéro un du streaming depuis son rachat de Twitch. Mais son ambition ne reste pas là puisqu’après avoir massivement investi dans la production cinématographique et les services de cloud, le groupe se lance également dans le jeu vidéo en rachetant à tour de bras des studios de production.
Twitch est devenu l'acteur numéro 1 du streaming en ligne sous l'impulsion d'Amazon (Crédits Twitchcon)
Google et Facebook ne sont pas en reste avec des investissements conséquents sur les plateformes de streaming, déclarant une véritable guerre des droits de retransmission à Twitch depuis l’année dernière.
Ces investissements et acquisitions sont généralement moins commentés par les médias traditionnels puisqu’ils concernent des acteurs occidentaux.
Au même titre, il faut aussi rappeler que des investisseurs occidentaux sont entrés dans le capital de Tencent. C’est le cas de l’entreprise de télécom sud-africaine Naspers, qui grâce à un investissement de 32 millions de dollars en 2001, détient 33% des actions du géant chinois. La valorisation de ses part dans le capital de Tencent, s’est transformée depuis en « un trésor de guerre » de près de 180 milliards de dollars en ce début d’année, une somme qui lui permettrait de racheter Airbus, Tesla et Activision Blizzard en un seul chèque…
Par ailleurs, il faut rappeler la situation assez particulière du marché chinois, qui du fait d’une politique protectionniste (le marché étant difficile d’accès pour les entreprises étrangères) a permis à des groupes comme Tencent ou Alibaba de se développer sans subir la concurrence des géants occidentaux (tout en copiant leur modèle). Si jamais cette situation venait à évoluer, le modèle économique des entreprises chinoises serait immédiatement menacé.
Il ne faut pas non plus oublier que depuis le siècle dernier, de très grands groupes ont finalement perdu leur position dominante sur des changements rapides de tendances, des évolutions au niveau du cadre légal, ou même sur des investissements ratés. Ainsi, si aujourd’hui Tencent donne l’apparence d’un monstre à l’appétit féroce prêt à « dévorer » la concurrence, il faut rester prudent vis-à-vis de l’évolution à court et moyen terme de son modèle économique et de celui de la Chine.
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