VIT Néo: "On ne pouvait pas laisser ces joueurs sans aucune solution viable." - ITW VALORANT avec le CEO de Vitality
Dans un écosystème esports en constante évolution, certaines décisions marquent plus que d’autres. Et parfois, elles ne sont pas dictées par la performance ou les résultats, mais par un sens de la responsabilité. C’est exactement ce que Team Vitality a démontré en accueillant temporairement l’ancien roster de DVM, quelques jours seulement après leur exclusion officielle de la Challengers League française sur VALORANT.
Au cœur de cette initiative : Sayonara, jeune talent de 17 ans promis à un avenir sous les couleurs jaune et noir dès mars 2026. Mais aussi un contexte tendu, une situation d’urgence, et un roster sans structure pour continuer sa saison. Nous avons rencontré Fabien “Neo” Devide, président et cofondateur de Team Vitality, pour comprendre les coulisses de cette décision.
Breakflip : Pourquoi avoir décidé d’accueillir temporairement l’ancien roster DVM sous les couleurs de Vitality ?
Néo: Quelques jours après l’annonce du bannissement définitif de DVM, j’ai échangé avec Sayonara. Très vite, on a senti beaucoup de tension et d’incertitudes du côté des joueurs. Le manager de l’équipe a réagi rapidement, avec une vraie volonté de les accompagner malgré la situation. Chez Vitality, on s’est posé une question simple : si personne ne prend cette initiative, qui le fera ? On ne pouvait pas laisser ces joueurs sans aucune solution viable.
C’est une décision qui s’est construite dans l’urgence, mais avec un vrai sens : préserver leur saison, éviter une rupture brutale et montrer que, même sans projet structuré à la base, on peut répondre présent dans les moments clés.
Le fait que Sayonara allait prochainement rejoindre Vitality a-t-il influencé ce choix ? Est-ce une manière d’accélérer son intégration au sein de la structure ?
Néo: Certainement Sayonara est un jeune talent très prometteur qui nous rejoindra officiellement en mars 2026. Il a exprimé son envie de continuer la saison avec ce groupe. À 17 ans, il a besoin de jouer, de comprendre les dynamiques d’équipe, de gagner en maturité et en vision collective. Ce choix est une façon de lui offrir cet espace de progression, tout en soutenant les joueurs avec qui il a construit une vraie synergie. Et puis, on ne va pas se mentir : quand tu vois que personne ne se bat pour leur permettre de continuer, tu prends tes responsabilités.
Alongside 🇫🇷 Clément "CyvOph" Millard, we are proud to welcome the young prodigy 🇲🇩 Ètefan "Sayonara" Mîtcu to Vitality.
— Team Vitality VALORANT (@TeamVitalityVAL) March 18, 2025
As a part of his pre-contract, he will continue playing in the French Challengers League on a loan with DVM to further his development. pic.twitter.com/HjRYl2Limo
Comment se sont déroulés les échanges avec la LFL/LCF autour de cette solution temporaire ?
Néo: La LCF a informé les joueurs du bannissement définitif de DVM dans la compétition, puis les a informé qu’ils pouvaient continuer la compétition sous une autre bannière. Il n’y a eu aucune influence ou pression de leur part : les équipes sont allées voir les joueurs, et eux ont fait leur choix.
Notre rôle a surtout été d’agir rapidement, de proposer un cadre et de valider tout ça avec la ligue. L’agilité et la réactivité ont été clés : tout s’est fait en 48 heures.
Comment s’est passée l’intégration de ces joueurs dans l’écosystème Vitality, même pour une période courte ? Comment Vitality accompagne-t-elle les joueurs dans une période aussi instable ?
Néo: Très honnêtement, on ne prétend pas leur insuffler en un mois et demi l’ADN Vitality. C’est le travail de DVM, leur identité, leur construction collective. Le seul joueur qu’on connaît en profondeur, c’est Sayonara. Notre objectif, c’est de les accompagner, de réduire les incertitudes, de leur offrir un environnement sain pour défendre leurs chances durant ce segment.
Ces joueurs VALORANT sauvent leur saison grâce à Team Vitality après l'exclusion de DVM !
Quels objectifs vous êtes-vous fixés pour ce roster jusqu’à la fin du Segment 2 ? Est-ce simplement une mise à disposition de tag ou y a-t-il une volonté de performance ?
Néo: Avant tout : qu’ils prennent du plaisir et puissent jouer libérés. On sait que, dans un contexte aussi instable, ce n’est pas réaliste d’attendre d’eux qu’ils gagnent tout. Mais je pense qu’ils sont réellement capables de défendre leurs chances pour le tournoi de l’Ascension, ils ont le talent pour. On les soutiendra, quoi qu’il arrive.
Peut-on imaginer que certains joueurs du roster soient conservés pour la suite de l’aventure chez Vitality ? Est-ce aussi une opportunité de “try-out” en conditions réelles pour eux ?
Néo: Aujourd’hui, nous n’avons pas de stratégie claire pour le Segment 3. On ne peut pas dire qu’on pense à faire des changements ou même à conserver des joueurs. On reste dans une phase d’observation. Notre attention est surtout tournée vers Sayonara, avec qui l’histoire continuera.
Ce qu’on fait là, c’est d’abord une action de médiation. On veut contribuer à un Tier 2 plus solide, soutenir la ligue, et offrir une transition aussi fluide que possible aux joueurs. L’avenir se dessinera selon les opportunités.
Est-ce que cette situation pourrait influencer le futur projet de Vitality Academy ?
Néo: Oui, clairement. En observant de l’intérieur, en apprenant à connaître les joueurs, on gagne une vraie compréhension de la ligue et de ses enjeux. Ce projet n’a pas été prémédité, mais il s’inscrit dans une dynamique plus large. On croit au modèle académique, particulièrement sur les FPS.
Sur VALORANT, avec le mercato ambitieux qu’on a mené pour les VCT, on montre déjà que c’est un jeu Tier 1 pour Team Vitality. Si la scène Tier 2 continue à se structurer et que la dynamique suit, on étudiera sérieusement une implantation durable.
Certains ont pu percevoir ce choix comme un coup de communication. Que réponds-tu à ceux qui remettent en cause la sincérité de votre démarche ?
Néo: La motivation première, c’est le développement de Sayonara dans un cadre apaisé. C’est ce projet-là qui a guidé toutes nos décisions. Et c’est aussi ça, être un acteur engagé : intervenir quand il le faut, pas seulement quand tout est parfaitement planifié.
Oui, dans toute décision il y a une part de communication. Mais si cette communication sert à réaffirmer nos valeurs, notre engagement envers les joueurs et notre volonté de faire avancer la scène, alors c’est une bonne chose.
Dans un esport parfois trop guidé par les résultats, cette initiative de Vitality rappelle qu’il existe encore des actes de soutien désintéressés. Et que parfois, offrir un cadre humain à de jeunes joueurs vaut bien plus qu’un titre ou une victoire.

